[Hautjardin] Deux amis se revoient pour préparer l'avenir [PV Arthur Ambrose]

Mace Tyrell « Invité »

An 299 Lune 7 Semaine 4 Jour 4
Cité de Hautjardin

Aujourd'hui allait être un jour important pour le Bief et la Maison Tyrell. Oh certes il y aura d'autres journées tout autant importantes et d'ailleurs celles-ci seront la continuité de ce qu'il va se passer aujourd'hui. Car en ce jour Mace attend son meilleur conseiller afin de discuter avec lui du mariage de son fils. Cette mise au point permettra de commencer à préparer ce mariage qui se doit d'être parfait !

Le suzerain du Bief avait mandé Arthur Ambrose dans son bureau. D'ailleurs il l'attendait à l'intérieur, deux verres de vin posés sur une table à proximité. Le garde devant la porte ouvrit cette dernière afin d'annoncer l'arrivée du Seigneur d'Ambroisie. Mace s'approcha et quand il vit entrer son ami d'enfance, un large sourire se dessina sur son visage. Il inclina la tête mais ne pu résister à l'envie de lui faire une accolade amicale. Il faut dire qu'ils ne se voient pas beaucoup alors l'Etiquette peut bien s'esquisser le temps d'une rencontre.
« Comment vas-tu Arthur ? Cela me fait tellement plaisir de te revoir ailleurs que sur un champs de bataille. Tu prendras bien un verre de vin ? »

Oui il aurai dû le vouvoyer, faire toute une sorte de cérémonial mais que diable, ils se connaissent depuis tant d'années qu'il n'y a plus de ça dans la sphère privée ! Alors certes, quand ils sont en présence de soldats ou de personnes importantes, là oui un minimum s'impose mais ici ils ne sont que tous les deux.
« Je t'ai fais venir car j'ai besoin de tes conseils avisés. Comme tu le sais, Willos va épouser Sansa Stark et je m'astreint donc à préparer tout cela. Et il est possible que j'oublie des choses ou qu'il y ai des imperfections dans mon organisation. Voilà pourquoi tu es là aujourd'hui, pour m'aider à faire de ce mariage un événement marquant et qui sera inoubliable. »

Il s'agit tout de même de son héritier, celui qui prendra la succession quand Mace ne sera plus là, il faut donc que son mariage se passe sans accroc et qu'il reste gravé dans les mémoires. Mais ça ne s'arrête pas là. Le mariage est l'une des nombreuses choses dont parleront les deux compères lors des jours voir des semaines qui suivent.

An 299 - Lune 7 - Semaine 4 - Jour 4 (25 Aerionyr 299)
Hautjardin

Le Sire d’Ambroisie parcourut les couloirs qui le menaient en direction des appartements de Lord Mace Tyrell d’un pas rapide et régulier, connaissant bien le siège de la Maison Tyrell, où il avait vécu étant plus jeune et dont il était encore aujourd’hui un visiteur régulier. Tout de noir vêtu, avec une tunique sombre brodée de liserés dorés, sa cape toute aussi sombre virevoltait sur son passage.

La raison pour laquelle Arthur se trouvait ici plutôt qu’à Ambroisie auprès de sa femme et de sa fille de deux mois, c’était parce que son suzerain et ami avait besoin de lui. Lord Ambrose connaissait suffisamment Mace pour savoir qu’en l’absence de sa mère, celui-ci avait besoin d’un conseiller pour l’assister dans certaines affaires, surtout lorsque celles-ci étaient d’ordre politique ou financier.

Arrivant finalement devant la porte des appartements de Mace, le seigneur fixa le garde avec insistance pour que ce dernier ne tarde pas à l’introduire auprès de son maître. Les gardes de Hautjardin avaient parfois la fâcheuse habitude d’abaisser leur vigilance et leur réactivité quand Lady Olenna n’était pas là pour les rappeler constamment à l’ordre.

Lorsqu’il fut introduit dans les appartements privés du suzerain du Bief, Arthur ne put s’empêcher de sourire en contemplant le visage jovial et souriant de celui-ci. On pouvait reprocher beaucoup de choses à Mace mais il était d’un bon tempérament et il était sincère dans ses amitiés. Pour le protocole, Lord Ambrose s’inclina respectueusement dans un premier temps mais il lui rendit ensuite l’accolade qu’il lui donna. Lorsqu’ils se trouvaient en privé comme maintenant, Arthur se permettait aussi quelques entorses à l’étiquette.

- Bonjour Mace, je vais bien et il me semblerait que toi aussi à en juger par ton accueil, je me trompe ?

Il était vrai que leur dernière rencontre remontait à leur départ de l’ouest, une fois que la bataille de Castral Roc avait été remportée par l’ost royal. Se revoir en des circonstances où ils avaient peu de chances d’être tués était certainement plus plaisant, il ne pouvait pas le nier.

- Comment refuser une telle invitation ? Surtout lorsqu’on connait ton goût avéré en matière de vin, je n’ai jamais été déçu par tes bouteilles de la Treille.

Arthur écouta attentivement les explications de son cousin concernant la raison de sa présence ici. Pour avoir été informé de l’offre faite par Lord Stark pendant la campagne dans l’Ouest, il avait supposé qu’il s’agissait de la raison pour laquelle Mace l’avait fait venir à lui. Le Sire d’Hautjardin avait fait le bon choix en acceptant les fiançailles entre Willos et la jeune Sansa, c’était un bon mariage pour l’héritier Tyrell mais également une opportunité de se rapprocher du roi par l’intermédiaire de sa Main.

Il s’assit à la table et prit l’un des deux verres de vin, qu’il porta à son nez pour en inhaler l’arôme. En connaisseur, il dégusta ensuite une gorgée avant de le reposer devant lui. Excellent, comme à l’accoutumée.

- Très bien, mettons-nous donc au travail. J’aurais besoin de savoir ce dont tu as déjà discuté à ce sujet avec Lord Stark. En particulier, j’aimerais savoir si vous avez déjà discuté du lieu du mariage, de la rencontre entre les deux fiancés, de la répartition des frais entre les deux familles, de la dot de la mariée, la liste des invités… ce genre de choses.

Une longue journée les attendait, autant qu’ils ne perdent pas de temps à s'atteler à la tâche.

Mace Tyrell « Invité »

Comment être déçu par des bouteilles offertes par un des plus grands connaisseurs en la matière ? Il en était persuadé, le vin ça le connaît. Après avoir prit son verre, Mace s'assit sur une chaise en face de son cousin et porta le délicieux breuvage à ses lèvres. Inutile de dire qu'il était délicieux. Après une courte gorgée le suzerain reposa le verre devant lui et écouta les questions légitimes du Sire d'Ambroisie.
« Pour le moment nous ne sommes qu'aux prémices de cet événement. Je rencontrerai Lord Stark une fois le procès de la Reine terminé car j'en suis certains, tout son temps est consacré au procès. Je lui ai néanmoins proposé d'héberger la future épouse, Sansa Stark à Hautjardin, de sorte qu'elle puisse s'accoutumer à la cité, à ses habitants et surtout qu'elle fasse plus ample connaissance avec Willos.
D'ailleurs je vais en profiter pour moi même apprendre à connaître ma future belle-fille, j'ai beaucoup entendu parler d'elle mais sans plus. A part cela rien n'a encore été fait, comme quoi tu arrives au bon moment pour m'aider à m'occuper de tout cela. »

Lord Tyrell prit à nouveau son verre pour boire quelques gorgées avant de le reposer. Il préférait attendre les conseils de son cousin et ami avant de décider de tout cela. De plus, Lord Stark est quelqu'un de très occupé et de par ses fonctions, ne pourrait se permettre de venir à Hautjardin.
« Et puis je dois t'avouer que je ne suis pas très serein. Eddard Stark étant Main du Roi c'est à moi d'aller à lui pour lui éviter de quitter la capitale et avec les récents événements je préfère rester dans le Bief pour préparer nos défenses. »

Et puis sa grande science militaire est nécessaire pour la protection de ses terres. Laisser Willos seul serait risqué, à la limite si Garlan était là peut être car il pourrait diriger les troupes mais sans lui mieux vaut ne pas tenter le diable. Sans parler de l'envie que certains auront de prendre la place des Tyrell... Tout conseil est le bienvenue avec ces difficultés.

Le Sire d’Ambroisie prêta attention aux dires de Mace et s’était d’ailleurs emparé d’un rouleau de parchemin, d’un encrier et d’un plume posés non loin. L’homme aux longs cheveux noirs acquiesça simplement quand le seigneur suzerain du Bief évoqua le fait qu’Eddard Stark risquait d’être débordé par le procès. Il prit quelques notes, au sujet notamment du fait que Lord Tyrell avait écrit à son futur beau frère pour inviter Sansa à venir à Hautjardin. Ce n’était pas une mauvaise idée en soi mais il faudrait préparer son arrivée avec soin.

Il passa une main dans sa barbe finement taillée d’un air pensif avant de poser son regard sur son cousin. Le chevalier prit ensuite la parole d’un ton calculateur avant de répondre.

- C’est une bonne initiative de l’avoir invitée ici. Cela montre l’intérêt que tu lui portes, en tant qu’individu et pas seulement sur le plan d’une alliance politique. Il y a aussi le fait que tu te préoccupes de ton fils, et de l’épouse que tu comptes lui donner. Je pense que ce sont deux bons points aux yeux de Lord Stark, qui m’a paru attentionné à l’égard de ses filles et de leur bien être.

Arthur fit une courte pause, tapotant la table de son index avant de poursuivre.

- Il est maintenant important de s’organiser dans le cas d’une réponse positive. Je pense qu’elle aimera beaucoup Hautjardin, qui a tout à fait l’image des magnifiques châteaux des chansons.Remarqua-t-il avec une pointe de sarcasme. Cependant, il ne faudrait pas trop la dépayser non plus. Je te suggère de demander à Alerie d’écrire à Lady Catelyn, ne serait-ce que pour s’enquérir des goûts et préférences de sa fille, de sorte à lui préparer une chambre où elle sera à l’aise. Une correspondance entre mères jouerait également en notre faveur, surtout si cela amène Lady Stark à parler favorablement de la Maison Tyrell et de cette union à son époux. Il l’a peut être proposée le premier mais si nous pouvions obtenir une alliance sincère et durable par le biais de bonnes relations, ce serait l’idéal.

Alerie Tyrell, née Hightower, était non seulement l’épouse de Mace mais aussi la sœur de sa propre femme, Alysanne. Il ne doutait pas qu’elle soit en mesure de nouer le dialogue avec Catelyn Stark, qui était avant tout une dame du Conflans avant d’être du Nord après tout. Il nota malgré tout d’acheter du tissu gris de qualité, en vue de faire broder des tentures aux armoiries des Stark. Le direwolf de leur famille serait sans doute une touche appréciée par la jeune femme, qu’elle s’en rende compte consciemment ou non.

Lorsque Mace évoqua son malaise à l’idée de devoir se déplacer dans la capitale, Arthur se contenta d’esquisser un sourire malicieux.

- Bien au contraire, Mace, c’est une situation idéale. En restant à Hautjardin, tu prouves que tu te préoccupes avant tout de la défense du Bief et du sud en général, ce qui fait de toi un seigneur responsable. Toutefois, tu ne délaisses pas cette union non plus puisqu’à Port-Réal se trouvent Lady Olenna, Margaery et Garlan. Je pense que ma tante saura très bien discuter des fiançailles avec Lord Stark tandis que Margaery et Garlan pourront faire connaissance avec la jeune Sansa pour la préparer à son voyage ici.

Aux yeux d’Arthur, les pièces de l’échiquier étaient convenablement disposées. Olenna Tyrell était née Redwyne après tout et elle pourrait partager avec Lord Stark son expérience d’épouse entrée dans la maison Tyrell par mariage, et de sa vie à Hautjardin. Margaery était une jeune femme charmante et si ce charme fonctionnait sur les hommes, elle pouvait aussi approcher aisément les femmes, avec une franchise et une répartie qui étaient souvent rafraichissantes.

- Je pense que nous pouvons nous reposer sur Lady Olenna pour négocier directement avec Lord Stark au sujet de la dot, de la répartition des frais du mariage et de la date. Par contre, pour revenir à la lettre d’Alerie pour Lady Catelyn, je suggérerais de s’enquérir des invités nordiens et du Conflans qu’elle souhaiterait voir présents à Hautjardin et surtout des membres de la maison Stark qu’elle souhaiterait inviter. J’imagine que Lord Eddard ne pourra pas être là mais j’imagine mal Lady Catelyn ne pas assister au mariage de sa fille. Cela me fait d’ailleurs penser…

Le sire d’Ambroisie s’arrêta un moment, prenant son verre en main pour faire tourner lentement le liquide carmin à l’intérieur. Une idée avait germé dans son esprit et il prit le temps de la faire mûrir avant de l’exprimer à voix haute.

- Afin que Lady Sansa ne se sente pas trop seule, nous pourrions proposer aux Stark de prendre l’un de leurs jeunes fils comme pupille à Hautjardin. Le plus âgé, Brandon, est certes handicapé mais Willos pourrait justement l’aider à s’habituer et même maîtriser son handicap, d’autant plus que son esprit n’a semble-t-il été nullement affecté par sa chute. Il pourrait très bien devenir novice à la Citadelle d’ici quelques années, et résider dès à présent ici pourrait l’habituer au climat et aux coutumes du Bief.

Un mestre issu d’une maison aussi prestigieuse que les Stark, en dépit de son handicap, et qui serait bien disposé à l’égard des Tyrell, pourrait très bien devenir archimestre voire Grand mestre d’ici quelques années. Cela représenterait un excellent investissement sur le long terme, et qui ne leur coûtait pas grand-chose.

Mace Tyrell « Invité »

Mace reconnaissait bien son cousin, ses conseils étaient toujours fructueux et le Sire de Hautjardin l'écouta sans dire un mot, se contentant de hocher la tête et d'esquisser quelques sourires. Au final la situation qu'il lui exposait était à l'avantage des Tyrell et tout semblait pour le mieux. Il n'avait donc pas à s'inquiéter bien au contraire. En effet la présence de quelques Tyrell à Port Réal ne peut être que positif et il est vrai que la mère du Suzerain ne manquera pas de dire du bien du Bief et de sa maison. Bien que Mace avait de l'appréhension au sujet d'Olenna il ne pouvait nier qu'elle avait de l'esprit et savait mieux que quiconque user des mots.

Puis quand Brandon fut évoqué, le Gouverneur du Sud commença par douter avant finalement de se laisser convaincre par son cousin. Il est vrai qu'il a beaucoup entendu parler de cet accident qui était comme tous les accidents de ce genre, désastreux pour celui qui en fait les frais. Et puis on dit de ce Brandon qu'il a de l'esprit et qu'il est loin d'être stupide. Une fois qu'Arthur eut fini de parler, Mace prit on verre pour boire deux gorgées de vin et reposa le verre.
« Tu as raison, il vaut mieux ne rien laisser au hasard pour qu'elle se sente au mieux. J'en parlerais à Alerie, je suis sûr qu'elle trouvera les mots qu'il faut. Peut être aussi que la jeune Stark a des goûts particulier en terme de nourriture. Quant à ma chère mère Lady Olenna, elle est la mieux placée pour se charger de ce genre de questions, je ne peux le nier.
Cependant pour Brandon... penses-tu qu'une famille aussi importante que les Stark accepteraient qu'un de leur fils rejoigne Vieille-Ville ? J'ai ouïe dire beaucoup de bien de ce jeune homme. Comme quoi il n'était point sot, bien au contraire et qu'il a malheureusement connu une chute qui l'a rendu invalide pour le restant de ses jours. Il est fort probable qu'il s'entende avec Willos car leurs profils se ressemblent. »

Il fallait aussi préparer les festivités à Hautjardin et le Suzerain avait pensé à quelques événements habituels. Lors d'un mariage il faut de grands banquets, un tournois, bref tout ce qui sert à s'amuser.
« Il faut aussi de notre côté préparer les banquets et tournois afin que tous s'amusent. Et inviter les autres Sires du Bief et quelques chevaliers. Cependant avant ça il faudra s'occuper de refaire nos défenses car ce serai laisser une partie de Bief sans dirigeant pendant une période. »

Il voulait montrer la toute puissance des Tyrell face à ses vassaux. Un mariage avec les Stark ne peut que renforcer la puissance de la famille à la rose. Mace voulait que chaque Seigneur du Bief voit cela ou du moins en entende parler. Chaque chose permettant de rappeler que le Bief est sous la suzeraineté des Tyrell est bonne à prendre.

Le Sire de Hautjardin avait l’air réceptif à ses arguments, ce qui présageait d’avancer assez rapidement sur les nombreux points dont ils auraient à discuter au regard de ce mariage et de l’alliance qu’il impliquait. Tout du moins, c’est ce qu’Arthur en déduisit de ses hochements de tête et de ses sourires.

Lorsque son cousin leva son verre pour boire un peu du délicieux nectar qu’il leur avait servi, Arthur prit également le sien en main mais ne le porta pas immédiatement à ses lèvres, écoutant ce que son interlocuteur avait en tête.

Visiblement, Mace approuvait ses suggestions au regard d’une relation épistolaire entre son épouse et Lady Stark ainsi que de la compétence de Lady Olenna pour gérer certains aspects du mariage depuis la capitale. Il paraissait cependant plus songeur au regard du jeune Brandon. Arthur acquiesça à ses paroles avant de lui répondre, faisant tourner le liquide carmin dans son verre.

- Eut-il conservé l’usage de ses jambes, je pense que Lord Stark n’aurait jamais considéré de l’envoyer à la Citadelle. En revanche, dans l’état où il se trouve actuellement, l’enfant ne pourra jamais devenir un combattant, dans le Nord comme dans le Sud. Cela exclut de devenir chevalier, soldat au service de son frère ou même frère juré de la Garde de Nuit. Pour un deuxième fils, les choix sont limités et même si les Stark ne s’en sépareraient pas, le garçon lui-même pourrait dépérir d’un tel futur.

Arthur fit une courte pause, le temps de déguster une gorgée de vin avant de poursuivre.

- A l’image de Lord Tyrion Lannister, le jeune Brandon pourrait réaliser qu’il aurait plus à gagner en aiguisant son esprit qu’en se lamentant sur un avenir qui n’est plus que dans ses souvenirs. Il n’est d’ailleurs pas obligé de prononcer ses vœux. Il lui est possible d’apprendre un bon nombre de choses comme novice puis acolyte sans jamais accepter sa chaîne.

Lord Ambrose se garda bien de mentionner l’exemple du Prince Oberyn Martell, qui avait forgé six maillons à Villevieille sans pour autant aller jusqu’au bout de sa formation. Il esquissa un sourire amusé à l’attention de son suzerain.

- Après tout, le Nord ne pourrait-il pas bénéficier d’un nouveau « Brandon le bâtisseur » ? A la Citadelle, le jeune Brandon apprendrait à bâtir des châteaux mais aussi à soigner les blessures, à cultiver les plantes… A terme, il pourrait très bien servir de gouverneur de Winterfell quand son frère aîné sera absent, ou même construire son propre fort, qui sait. En tous les cas, je pense que l’idée mérite d’être proposée. Nous n’avons rien à y perdre en cas de refus et tout à y gagner si ses parents sont réceptifs à l’idée, ne crois-tu pas ?

Il s’agissait aux yeux d’Arthur d’une autre raison pour laquelle l’idée était bonne : elle ne présentait aucun risque. Au pire, les Stark refuseraient mais ne s’attarderaient pas longtemps sur la question. Au mieux, la maison Tyrell nouerait des liens étroits avec un garçon qui était non seulement le deuxième fils de la Main du Roi mais aussi le frère de l’héritier de Winterfell.

Le Sire d’Ambroisie acquiesça lorsque Mace parla de banquets mais aussi et surtout de défenses.

- Je suis d’accord pour les banquets mais je pense que cette tâche pourrait être confiée à Alerie, et peut-être Alysanne si elle souhaite avoir de l’aide. Nos épouses sauront travailler de concert pour ménager ta trésorerie tout en préparant quelque chose de somptueux. Pour ce qui est des tournois, ou disons plutôt déjà un tournoi, il faut considérer le prix d’une telle entreprise. Il pourrait être moins onéreux, en hommes comme en dragons d’or, de limiter le tournoi à une grande mêlée et des joutes, sans épreuve au tir à l’arc ou à la hache. Je suggérerais également de ne pas chercher à surenchérir par rapport à Port-Réal en termes de récompenses, afin de ne pas vider la trésorerie.

S’il n’y avait eu que lui, Arthur n’aurait pas organisé de tournoi mais simplement un banquet pour célébrer l’union entre Willos et Sansa. Toutefois, il connaissait les penchants de son cousin pour le faste et lui déconseiller tout simplement d’héberger un tournoi n’aurait fait que le braquer.

Il en vint rapidement au sujet qui les préoccupait le plus.

- Les pertes humaines ne sont pas les plus gênantes, nous pourrons lever ce que nous avons perdu mais celles des bateaux seront plus difficiles à surmonter. La flotte de la Treille est anéantie et celles de Villevieille et des îles Boucliers n’ont pas été épargnées par les Fer-Nés. Il est essentiel de construire de nouveaux bâtiments de guerre pour remplacer ceux perdus. Chaque jour qui passe voit nos côtes à la merci des Greyjoy.

Certains auraient pu croire que Lord Ambrose ne se serait pas inquiété outre mesure de ce qui arrivait sur les côtes, ses propres terres étant loin à l’intérieur des terres mais il n’en était rien. En effet, même s’il n’avait que peu de risque d’être touché personnellement par les incursions Fer-Nées, chaque attaque contre le Bief était mauvaise pour le commerce, et affectait par conséquent les exportations de l’ambroisie. Passer par les terres était beaucoup plus lent et coûteux, si bien qu’il préférait nettement s’assurer que leurs côtes – et commerces maritimes – soient protégés.

- Il nous faut contacter Lord Paxter pour lui demander de reconstruire ses défenses et surtout sa flotte. Ses réserves cachées de vin de la Treille valent bien de lui prêter l’or nécessaire à cette fin. Je pense qu’il ne serait pas non plus superflu d’écrire à Lord Leyton pour lui proposer de renforcer le guet de Villevieille et les défenses du port.

Lord Paxter Redwyne était leur cousin et un vieil ami à tous les deux, si bien qu’ils ne devraient pas avoir grande difficulté à travailler avec lui pour les questions de reconstruction des bâtiments terrestres comme maritimes. A l’inverse, Lord Leyton Hightower était leur beau-père et un homme d’expérience, qu’il faudrait prendre garde de ne pas froisser. Arthur but une gorgée en songeant qu’il n’était pas pressé de parler au père d’Alysanne, dont l’ancienneté poussait au respect mais aussi à la déférence… ce qui rendait plus difficile un dialogue d’égal à égal.

- Dans l’idéal, il faudrait aussi que les seigneurs des îles Boucliers entament un effort égal de reconstruction mais également que les seigneurs de Vieux Rouvre, Bandallon, Noircouronne, Trois Tours et Solfoyer renforcent leurs propres défenses tout au long de la côte pour que la flotte ne s’éparpille pas pour devoir aller les défendre.

Les cinq fiefs en question étaient tous situés sur la côte du Bief et Arthur n’excluait pas que l’un d’eux voire plusieurs d’entre eux serve de cible aux Fer-Nés lors de leur prochaine campagne de pillages.

Mace Tyrell « Invité »

Mace écouta longuement les paroles de son cousin sans l'interrompre, le regardant et portant quelques fois le verre à ses lèvres et dégustant le breuvage. Arthur savait comment convaincre le Sire de Hautjardin, il démontra chaque idée, fit étalage de sa science militaire et quand il eu fini Mace posa le verre de vin et prit quelques secondes pour réfléchir avant de répondre.
« Tu as raison, nous avons tout à y gagner néanmoins il faudra bien entendu l'accord du fils et du père. Quand penses-tu qu'il soit bon de leur en parler ? Car je pense que Lord Stark sera réticent de nous laisser dans le même laps de temps son fils et sa fille à la fois. Il reste un père avant tout. »

Au moins ceci pourrait renforcer l'alliance entre les Stark et les Tyrell et le Suzerain ne désirait que ça. Mais il n'oubliait pas que ces jeunes gens restaient avant tout des enfants et que comme tout enfant, l'idée de quitter leur famille est désagréable au même titre que les parents. Qui plus est de Nordiens qui n'ont sans doute pas été élevé dans le même cadre que dans le sud. Mace a souhaité que sa fille soit élevée dans l'idée d'accomplir un devoir d'alliance, toutes les filles de suzerains n'ont pas eu une éducation similaire.
Passons aux banquets et au tournoi. Certes le Tyrell s'était un peu emballé avec l'idée d'en faire plusieurs et très vite la raison l'emporta. En faire plusieurs coûterai cher et il ne faudrait pas qu'un chevalier se blesse ou se tue. Sans parler de l'ennuie que plusieurs tournois pourraient apporter.
« Oui, je pense qu'elles sont plus douées que nous dans cette spécialité ! Toute l'aide sera la bienvenue si tu veux mon avis. Un tournoi dis-tu ? Oui, oui tu as raison. Surtout que nous aurons besoin de toutes les ressources nécessaire pour nos défenses.
Je préviendrais Loras et Garlan, je pense qu'ils seront heureux d'y participer et peut être au passage l'un ou l'autre pourrait remporter la victoire. »

Vînt alors le sujet de la défense de la côte. Ces Fers-Nés étaient un vrai fléau ! Plusieurs fois, l'idée de les écraser s’immisça dans l'esprit du Suzerain mais sans plus. Ils nuisent au commerce et pillent des cités et des villages. La principale crainte de Mace était de voir des Seigneurs se rebeller contre son autorité en mettant en avant sa faiblesse à défendre les côtes du Bief. Ainsi écouta t-il Arthur afin de voir son point de vue. Ce dernier rejoignait le sien, ils pensaient à la même chose ce qui n'en sera que plus simple dans l'organisation des travaux et de la stratégie.
« Tu as raison, nous devrons les contacter assez vite afin que les travaux ne tardent pas. N'aurais tu pas, par hasard, une solution miracle pour nous débarrasser des Fer-nés ? Car je dois t'avouer que les savoir prêts à attaquer nos routes commerciales me trouble au plus haut point. »

Lord Tyrell s'attendait à une réponse tournant autour de la protection des côtes et du renforcement de la flotte. A part ça il se doutait qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à faire. A part peut être une invasion, mais il est hors de question d'aller se risquer à attaquer les cailloux leur servant d'île. Déjà parce qu'il n'y a rien à prendre là bas et en plus parce que les armées du Bief subiraient des pertes inutiles. Et il refuse également d'occuper ces îles invivables et sur lesquelles rien ne pousse.

La question de Mace au sujet du moment opportun auquel approcher les Stark vis-à-vis de leur jeune fils était pertinente. S'ils se montraient trop impatients, les Nordiens pourraient suspecter que les Tyrell avaient des motifs cachés. D'un autre côté, s'ils attendaient trop, un autre seigneur pourrait très bien se proposer pour prendre le garçon comme pupille.

- Il le serait en effet, c'est pourquoi nous devrons nous y prendre avec le plus grand doigté. Mon conseil serait de profiter de la correspondance d'Alerie pour amener graduellement le sujet. Il pourrait s'agir de prendre des nouvelles de l'enfant dans un premier temps, et savoir comment il s'accoutume de son état. Bien entendu, il serait judicieux de mentionner le cas, certes bien connu de Willos, mais aussi le fait que n'eut-il pas été l'héritier de Hautjardin, la Citadelle aurait pu être une voie envisageable et tout à fait honorable pour lui.

L'idée était la simplicité même : faire considérer en toute honnêteté l'avenir de son fils à Lady Stark, glisser quelques éléments de comparaison entre le cas du jeune Brandon et de Willos, et la laisser enfin tirer les conclusions qui s'imposaient. Si elle était ouverte à l'idée, Catelyn Stark ne manquerait pas de le faire savoir à Alerie dans leur correspondance et si elle ne l'était pas alors ils n'auraient qu'à abandonner l'idée.

- S'il s'avérait que Lady Stark était réceptive à l'idée d'envoyer son fils à la Citadelle, elle ne manquera pas de manifester son intérêt. Je ne doute pas que son mestre lui en vante les bienfaits et ton épouse pourra sans doute faire de même, connaissant bien Villevieille pour y avoir grandi. Si Lady Catelyn fait le déplacement jusqu'à Hautjardin pour le mariage, et je gage qu'elle le fasse, nous pourrions ainsi l'inviter à amener le jeune Brandon avec elle. Villevieille n'est qu'à une dizaine de jours de voyage et il pourrait ainsi la voir de ses propres yeux.

Entre la Grand-Tour, la Citadelle et les nombreux septuaires, il y avait des choses à voir dans la plus vieille cité de Westeros et le climat comme le paysage étaient certainement plus agréables et verdoyants que le Nord, bien que sans doute dépaysants. Ce serait une bonne chose que le garçon ait d'abord le temps de se familiariser avec le Bief par sa venue à Hautjardin, et puisse ainsi y être suffisamment à l'aise pour apprécier ses charmes.

- Sa sœur et sa belle-famille seraient proches, bien plus que s'il n'était envoyé comme pupille à Accalmie ou aux Eyrié par exemple. Si Lady Stark est prête à le laisser grandir loin d'elle, Hautjardin serait certainement la meilleure option dans ces circonstances, ne crois-tu pas ?

En aucun cas les Tyrell ne pourraient être perçus comme leur forçant la main. Si les époux Stark le choisissaient, ce serait de leur propre initiative, bénéficiant simplement des conseils et éventuels appuis des Tyrell si leur choix se portait bel et bien sur la Citadelle, voire sur Hautjardin dans un premier temps.

Arthur sourit en écoutant Mace reconnaître que leurs épouses seraient probablement les plus à même de superviser les préparatifs d'un banquet. Son vieil ami acquiesça également quant à l'idée d'organiser un seul tournoi plutôt que plusieurs, ainsi que d'en limiter les frais pour conserver suffisamment de fonds pour les dépenses qui s'avéreraient certainement nécessaires en matière de défense.

Il intervint cependant lorsque son suzerain évoqua ses deux fils.

- Loin de moi l'idée de vouloir priver l'un ou l'autre de la chance de participer au tournoi mais je pense qu'il serait plus judicieux que l'un des deux reste à Port-Réal. Même si nous sommes à priori en bons termes avec les maisons Baratheon et Stark, le danger peut prendre bien des formes au gré des intrigues de la capitale et il me paraîtrait plus prudent qu'une fine lame protège Margaery en permanence. Or, je ne connais pas de combattants du Bief plus doués au combat plus loyaux à ta fille que ses deux frères.

C'était peut-être paranoïaque de sa part mais Arthur n'était pas arrivé dans la position qu'il occupait actuellement sans prendre un certain nombre de précautions. Il ne pensait pas que des gens s'attaqueraient à Lady Olenna, ou plutôt il ne pensait pas qu'ils seraient en mesure de lui faire du mal, connaissant sa tante mais Margaery n'était peut-être pas aussi consciente des dangers de la capitale. Avec un de ses frères comme chaperon, elle serait au moins raisonnablement à l'abri de tentatives d'assassinats « classiques ». Il comptait sur l'ingéniosité de Lady Olenna pour désamorcer les autres sortes de tentatives.

Le Sire d'Ambroisie secoua la tête lorsque Mace lui demanda s'il n'avait pas de solution miracle pour se débarrasser des Fer-Nés avant de prendre la parole avec gravité pour lui expliquer son point de vue.

- Je n'en ai malheureusement pas. Nos capacités maritimes ont été gravement affectées par les dernières batailles contre eux. Dans l'immédiat, concentrer nos défenses est le mieux que nous puissions faire. De plus, il ne faut pas oublier que le roi ne verrait pas d'un bon œil que nous agissions indépendamment de ses directives. Autant attendre de voir s'il nous convie à participer à un plan quelconque et reconstruire autant de nos défenses terrestres comme maritimes que possible.

Lord Ambrose prit son verre et but une gorgée de vin pour se désaltérer. Il partageait l'envie de Mace de contre-attaquer mais ils n'étaient pas en position de le faire pour le moment, aussi frustrant que cela pouvait-il être.

Mace Tyrell « Invité »

Mace écoutait, ne disait rien pendant toute la tirade de son cousin. Il ne fit que hocher la tête et boire une ou deux gorgées de temps à autres. Son visage prenait un air sérieux et soucieux de comprendre et de partager ou non les dires d'Arthur. Et Mace tomba d'accord avec lui sur chaque point ce qui était une bonne chose. Quand l'Orfèvre eu terminé le Lord Suzerain termina son verre et se leva pour faire quelques pas en silence afin d'ordonner ses pensées.
Quel frère souhaitera rester à Port Réal pour protéger sa soeur ? Garlan ou Loras ? Il faudra qu'il leur en fasse part afin qu'ils choisissent entre eux. Ceci n'était pas un problème, non. Le plus gros de ses problèmes était bien la sécurité de ses terres du Bief. Et pour se faire le Lord réfléchit longuement avant de se retourner vers son cousin toujours assis.
"Je t'entends sur chaque sujet et partage tes idées sur chacun d'eux. Celui qui me perturbe le plus reste les Iles de Fer et en attendant que nos défenses soient reconstruites je réfléchirais à un moyen de ne plus subir ces barbares.
Je te remercie de ta présence ici et de tes conseils qui ont été plus que pertinents... comme d'habitude ! Je n'hésiterai pas à t'écrire ou te voir si des doutes emplissent une fois de plus mon esprit."

Le "rendez vous" semblait terminé, après tout, il n'y avait plus rien à dire, tout avait été étudié et réfléchi, il ne reste plus qu'à voir ce que cela va devenir par la suite. Et puis il est probable qu'ils se revoient très vite. Une chose est certaine, une fois sortie de ce bureau Lord Tyrell écrira ses directives afin que les défenses soient reconstruites et les lettres envoyées.

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