Enfance

"Sam attend moi !"

Le son de mes pas sur le sol de pierre du château se répercutait contre les murs, provocant un vacarme impressionnant. Mais je me fichais du dérangement que je produisais autour de moi. Mon frère ne voulait pas m'attendre, et pour une fois il s'était mit à courir. Je le talonnais pourtant de près, lorsque le pan de ma robe se prit dans mes pieds et que je m'étalai de tout mon long, tentant maladroitement d'amortir le choc de ma chute et tendant mes deux paumes droits devant moi. La douleur m'arracha un petit cri, et lorsque mes yeux se possèdent sur mes mains écorchées et ensanglantées, des larmes m'échappèrent et se mirent à rouler sur mes joues rendues rouges par la morsure du vent et la course frénétique que je venais de faire. Je reniflais, pleurant toutes les larmes de mon corps. J'étais sur d'avoir commis un acte qui me vaudrait des réprimandes pour les années à venir. Père ne serait pas content de moi, et mère refuserait de croire que je courais après Sam. Je ne devais fréquenter mon frère car il était pleutre et indigne d'être l'héritier des Tarly. Père disait que les autres familles allaient se rire de nous si elles apprenaient pour mon incapable de frère. Mais, contre toute attente, je l'aimais bien moi Sam. Avant, il était mon partenaire de jeu. Il m'expliquait comment faire pour que ma poupée ne perde pas ses cheveux et il m'apprenait à tresser la crinière des chevaux de père. Je ne comprenais pourquoi maintenant il ne voulait plus de moi à ses côtés. Il m'avait dit l'autre jour " Tu n'es qu'une fille, tu ne comprends rien". Et justement, je ne l'avais pas compris... Les larmes commençaient à se tarir. J'essuyais alors ma main couvertes de sang sur ma robe bleue et, tête basse, répartit dans la direction opposée à celle de mon frère.

Port Réal et ses merveilles

"-Il suffit ! Je n'en peux plus ! Il me faut voir la lumière du soleil !
-Nous arrivons jeune Lady. Détendez vous voyons. Quelle image donnerez vous du Sud si vous continuez de la sorte ?!
-Je n'en puis plus..."

Mes supplications furent reçues par un énième regard courroucé de Septa Varsilis. Je détaillais sa crinière brune parcourue de mèches blanches, seules témoins de l'âge de la dame de compagnie. Ses yeux aussi gris que l'orage était fixés sur ma personne et ma tenue, veillant à ce que je ne bouge pas d'un poil pour faire la meilleure impression possible à la cour. Père m'avait envoyé ici pour des raisons qui m'étaient inconnu, m'ordonnant juste de dire au revoir à Sam avant de partir pour la capitale. J'avais quitté Hautjardin au petit matin, suivant la route de la Rose et m'émerveillant de tous ce qui se trouvait sur mon passage, voyant le monde a travers les voiles d'or de mon carrosse, qui donnait à tous une teinte glorieuse de richesse. Je souris finalement, je n'avais que 12 ans mais je sentais que Port Real allait me plaire dans son manteau d'or et d'hermine. Et puis, il me sera enfin permis de voir si ce que l'on dit sur la beauté de la reine et de son jumeau est réel...

Joffrey

"Ma Dame. Je vous pris d’excuser ma conduite irrespectueuse à votre égard. Mais vous êtes ma promise et lorsque je rentrerai, je vous prendrais pour épouse, parle ici la volonté de votre père."

Je m'inclinais devant mon futur époux, une répartie cinglante prête à gicler. Mais je me devais de me contrôler. Pitié qu'il meurt ! J'en appelle aux sept dieux, faites en sorte qu'il disparaisse de ce monde ! Que les Targaryens le tuent. Je ne les aimais pas mais s'ils pouvaient me faire ce plaisir. J'attendis que Ser Tuly fût partit pour tourner les talons et me lancer dans une recherche active de la bibliothèque, Casha sur mes talons. La chatte me suivait à chacun de mes déplacements, et elle était la seule ici que je pouvais compter parmi mes proches. Les intrigues de la cour me pèsaient, je n'étais qu'une femme perdue dans ce monde d'homme. Le froufrou de la robe rouge rehaussée d'or que je portais accompagna toute ma progression difficile à travers les salles plus grandioses les unes que les autres du Donjon Rouge. Je fermais les yeux, perdue dans mes pensées lorsque mon corps entra en contact avec quelque chose de mou qui eu une exclamation de douleur. Me rependant en excuse, je le rencontrai pour la première fois. Il était si beau dans son pourpoi de soie rouge, ses yeux bleus écarquillés de stupeur. Mon regard, ne prenant aucun compte des règles de la pudeur détailla chaque traits du jeune homme et le rouge me monta aux joues pendant que je baissais la tête.

"Pardonnez moi mon prince"

Il ne m'accorda pas un regard, pas une parole mais je sentais la chaleur s'infiltrer dans chacun des pores de ma peau. Ses douces boucles blondes et sa haute de taille me coupaient le souffle. Mon choix était fait, je le voulais pour moi. Il était fils de sa majesté, et je voulais qu'il devienne mien. Il faut ce méfier des femmes, elles obtiennent toujours ce qu'elles veulent...

J’étais dans une colère noire, et je boudais comme je le faisais si souvent. J’étais caractérielle, orgueilleuse et narcissique. Ce n’était quand même pas ma faute, j’avais été élevé de la sorte et mère m’avait toujours apprit que j’étais la meilleure en tout, et que je pouvais me permettre d’avoir exactement ce que je voulais. Je n’avais pas la chance d’avoir le loisir de manier l’épée et d’imposer mes idées avec cela. Alors je comptais sur ma beauté hors du commun pour vivre avec. Je ne savais me battre qu’avec une petite dague que m’avait offerte mon oncle. Bon, ne voyons pas tout en noir. J’avais des qualités quand même. Il est vrai que j’étais plus une petite démone qu’un ange, mais je me faisais tellement bien passer pour un ange. On me donnerait le bon dieu sans confession avec mes petites fossettes et mes longs cheveux blonds. Dotant que je suis d’une « gentillesse » hors du commun avec mes semblables, incarnant l’innocence et la sincérité. C’est ce qu’ils pensent tous, je manipule mon monde avec l’aisance qui sied à mon rang. Mon modèle n’était pas la reine pour rien, j’essayais de lui ressembler depuis que j’étais arrivée ici….

…. L’immense miroir à pied qui me faisait face interrompit mon monologue interne. Je m’approchais, regardant chaque détail de ma peau blanche. J’avais changé depuis mon arrivé ici l’an dernier. J’étais devenue une femme et cela se voyait. J’avais grandis, et ma chevelure blonde avait poussée. Elle tombait maintenant en une cascade de boucles blondes qui finissaient par se nicher au creux de mes reins. La robe bleu nuit que je portais mettait en avant les formes plutôt avantageuses que mon corps avait fini par prendre et ma taille fine comme il se doit. Je jetai un regard aguicheur à mon miroir de mes prunelles noisette, voilées par de longs cils. Les sept m’en soient témoin si je n’étais pas d’une beauté de reine. J’étais plus belle que cette petite idiote de Stark. Je tournais mon visage sur le côté, puis sur l’autre, faisant jouer les reflets multicolores du diamant niché au creux de ma gorge. Il illumina mon teint, et mes lèvres ourlées se fendirent d’un sourire tendit que mon nez fin se plissant sur mes taches de rousseurs, donnant à mon regard un aspect mutin et joueur. Mon apparence était digne de celle d’une demoiselle de bonne famille, de par mon maintien de reine jusqu’à la manière de coiffer mon opulente chevelure. Et du fait de ma pratique assidue de l’équitation, j’étais fine et élégante, comme si je montais toujours à cheval lorsque je marchais. Pointant le menton en avant, je me jugeai une fois de plus dans le miroir, me pavanant dans la chambre que j’occupai, fière et distinguée. J’étais d’une beauté à couper le souffle, que vous le veuillez ou non. Après m’être regardée pendant un long moment, je me décidais à ouvrir à la personne qui tapait à la porte depuis tout à l’heure.