Eddard était éreinté. Il avait passé cette journée sur le trône de fer, à la place de Robert. Mais où était donc le roi ? A la chasse quelle question ! A courir le sanglier aussi bien que la gueuse ! Sa blessure à la jambe le lançai plus que jamais, et il se servi un verre de vin.
Il était dans sa chambre, de la Tour de la Main. Le soleil couchant semblait couler la totalité de la pièce dans le bronze le plus pur. Ainsi, un verre en entrainant un autre, la Main du roi Robert pensait à sa vie avant. Avant la mort de Jon, avant l'arrivée de Robert, avant la chute de Bran... Lorsqu'il pouvait s'occuper de ses sujets, et surtout de ses enfants.

Il pensait à Jon, parti au Mur, condamné à veiller sur le seul rempart qui protégeait les Sept Couronnes des Sauvageons. Il pensait à Robb, contraint de régner à sa place, alors qu'il était encore trop jeune, mais quelle fierté... Il pensait à Sansa, qui, bien que vivant à l'étage inférieur, ne le voyait presque jamais. Et Arya, trop occupée avec son maitre à danser pour lui consacrer du temps. Puis Bran, qui devait atrocement souffrir de sa chute. Il se promit de lui écrire dès le lendemain. Et Rickon, le petit Rickon. Le louveteau de Winterfell, le dernier-né des Stark. Ned se rappelait les leçons qu'il avait enseigné à chacun de ses enfants, mais il n'en avait appris qu'une seule réellement importante à Rickon...

Quelques mois plus tôt...

Ned était assis au pied du barral, affinant une fois de plus le fil de Glace avec un cuir. Le mouvement était régulier, hypnotisant. Et il n'y avait que le bruissement des branches sous la brise, la caresse du vent sur l'eau qui dort. Tout était calme, tout était beau. Aujourd'hui, Ned avait condamné à mort le troisième déserteur du Mur en moins de dix mois. Quelque chose faisait fuir les patrouilleurs, et Ned préférerait que cela reste au-delà du Mur.

Aujourd'hui, Bran et Arya avaient de nouveau fait une bêtise. Se battre comme des chiffonniers et se couvrir de boue et de crottin... D'aucun aurait trouvé cela à l'encontre des bienséances, mais Ned avait fait bien pire. Il se rappelait encore son enfance au Val d'Arryn, auprès de Lord Jon et de Robert. La première fois qu'ils s'étaient battus, Robert et lui, Lord Arryn les avaient incendiés sur place, et avait décrété que seuls les porcs se battaient ainsi. Ned l'entendait encore "Vous voulez vous battre comme des porcs, battez vous dans la porcherie !" Ni une ni deux, ils s'étaient précipités dans la petite bâtisse, et n'étaient jamais ressortis aussi sales. Ils n'avaient d'ailleurs jamais recommencé !

De petits pas discrets se firent entendre. Le tapis de feuilles bruissait doucement, les pas de l'enfant enfonçant à peine la végétation morte dans le sol. Sans lever les yeux, Eddard savait que des pas aussi léger ne pouvaient être que ceux de son fils cadet. Arrêtant le mouvement du cuir, il leva les yeux et regarda son fils, esquissant un grand sourire. L'enfant était couvert de terre, et semblait légèrement essoufflé. Si Catelyn l'attrapait dans cet état, il ne reverrait pas la lumière du soleil avant un bon moment.

"Que fais-tu là Rickon ? Sa voix était douce et chaleureuse, il était content de pouvoir profiter de son dernier né, que Catelyn couvait trop selon lui.

Comme chaque matin, Vieille Nan vint me réveiller avant de m'emmener au petit déjeuner. Lorsque je vins faire un bisou à papa, il eut un sourire triste. Ca faisait quelques fois qu'il avait ce sourire mais je ne savais pas ce que ça signifiait. Sans m'en inquiéter, je mangeais avec appétit. Après le repas, je m'habillais rapidement avant de rejoindre mestre Luwin.
Pendant mes quatre heures de cours, je ne cessais de me faire réprimander par mon professeur car je n'arrêtais pas de regarder par la fenêtre. Bah oui mais le temps était superbe. Je rêvais d'aller jouer dans le Bois avec Broussailles. Bah c'est vrai quoi, c'est quand même plus drôle de jouer avec mon loups que d'écouter des cours sur l'héraldique.
Au déjeuner, papa était pas là. Voilà qui m'arrangeait pas. Maintenant j'hésitais entre aller jouer et profiter de l'absence de mon père pour me réfugier dans les jupes de maman. Finalement, ce fut les jupes de ma mère. Elle m'emmena dehors et me lut plusieurs histoire.
Quand ses devoirs la rappelèrent, je partis jouer avec Broussailles. On joua à cache-cache, on fit de des courses et on se roula sur le sol.
Soudain, j'entendis un bruit métallique. Je m'approchais discrètement. Il s'agissait de papa. Du coups, j'allais m'asseoir sur les genoux de papa.

« - Je suis venu jouer avec Broussailles. Et toi papa, tu étais pas là à midi. C'est pas bien. »