Le jour se lève sur Catsral Roc. Et je me prépare à quitter la ville. Mes activités m’ont enfin permis de récolter assez d’or pour faire vivre ma famille. Je quitte la ville, rejoins ma tante, lui remet mes gains et puis enfin, je pourrai partir à l’aventure comme je le souhaite depuis que je suis toute petite… je rassemble mes affaires assez rapidement, attache mes cheveux à l’aide d’un cordon de cuir que je détache auparavant de mon poignet. Je suis vêtue comme un homme et une souple armure de cuir me protège si le besoin se fait sentir. Je rassemble ensuite mes armes, les ranges, referme mon maigre baluchon et sans un regard derrière moi, je m’en vais. Libre, je suis libre ! Enfin !

En sortant de mon chez-moi, je croise une femme qui vend du pain. Hésitant un instant, je me rend soudain compte que cela fait quelques jours que je n’ai pas mangé à ma faim. Vu l’or que je transporte, je peux me permettre de faire un vrai repas pour une fois. Une fois ma nourriture achetée, je me trouve un coin tranquille pour manger. Je m’assied dos à un mur, dans un endroit peu fréquenté et je commence mon repas, avec un vrai plaisir. Alors que je mange, des souvenirs affluent en moi…

mon grand père m’apprenant ce qu’un garçon doit apprendre : l’escrime, l’équitation, la lutte. Faible et fragile étant petite, je m’endurcis bien vite, me rendant compte que c’est indispensable si je veux vivre un tant soit peu heureuse en ce bas monde où les hommes sont tout-puissants. Je me vois avec un baton en bois dans la main, parant les coups de mon grand-père, parfois en recevant, devenant de plus en plus endurcie, de plus en plus rapide, de plus en plus rusée. De par ma condition féminine, je suis moins forte q’un homme mais je compense aisément par la ruse et la rapidité de mes mouvements. Je me sers de ma tête…


De joie, je cours vers la sortie de la ville, sans prendre garde aux gens autour de moi. Finalement, c’est sans réelle surprise que je bouscule quelqu’un. Je cherche à me reprendre, à m’éloigner un peu mais je me sens soudain tomber. Sans prendre garde à mes actions, je me raccroche au seul point possible : la personne que je viens de bousculer. Lorsque je me rend compte de l’idiotie de cela, je la lâche aussitôt, mais le mal est fait et elle perd l’équilibre, chutant avec moi. Je me relève d’un bond, attrape sa main et la relève, cette personne que ma bêtise vient de faire tomber. Baissant les yeux, je murmure honteusement.

- Veuillez me pardonner, je ne regardais pas où j’allais…

J’attends une réponse, sans relever la tête, priant pour ne pas avoir bousculé une personne importante…

Je prie silencieusement pour ne pas avoir fait tombé un homme important lorsque sa voix me demande - ou plutôt m'ordonne - de lever les yeux, ce que je fais avec ce qui pourrait passer pour du défi. Ce n'en est pourtant pas. Je n'apprécie juste pas recevoir des ordre de parfaits inconnus, bien que dans ce cas, je n'ai rien à dire là-dessus. L'homme face à moi est vêtu sobrement mais la richesse des tissus formant son vêtement ne laisse aucun doute sur sa condition, bien qu'il soit à présent couvert de poussière. C'est bien ma chance d'avoir percuté un homme qui est certainement noble, ou peu s'en faut.

Je le fixe pourtant droit dans les yeux, avant de lui sourire et de m'éloigner prestement de quelques pas.

- Je ne suis qu'une humble voyageuse, messire. Je vous prie d'excuser ma maladroitesse...

La raison aurait voulu que je m'enfuie alors à toutes jambes, les recoins où me cacher ne manquant pas dans la ville, mais étonnement je ne bouge plus. Je ne suis qu'à quelques pas de cet homme, juste hors de portée mais j'attends sa réaction. Il sera toujours temps de prendre mes jambes à mon cou plus tard.

Mais je reste prudente et jette néanmoins ubn coup d'oeil autour de moi. Comme je le pensais, les rues sont vides de gardes, et peu de passants sont présents. ceux qui le sont passent prestement leur chemin, comme la prudence le conseillerai à chacun. Un peu plus loin se trouve un mestre, qui devait accompagner l'homme que je viens de bousculer. Mon regard se repporte sur ce dernier, scrutant son visage et son regard, à la recherce sans doute d'une lueur de colère ou de tout autre émotion négative. Mais je n'en trouve aucune trace, étonnement.

Cet homme semble tout au plus embêté que ses vêtements soient à présent couvert de poussière mais je ne ressens pas la présence de sentiments trop négatifs à mon égard. Mais je ne suis pas assez bête pour me fier uniquement aux impressions que j'ai - cela pouvant expliquer la distance de quelques pas que j'ai rapidement mis entre cet homme et ma personne.