Talla était à Hautjardin depuis quelques jours maintenant, et, malgré l’immense angoisse d’être entourée de gens de si haut rang et si brillants tous, Willos, Margaery, Olenna, c’était pour elle comme une renaissance. Il y avait ici tout ce qui lui avait toujours tant manqué à Corcolline. La beauté des lieux tout d’abord. Une forteresse certes, surplombant du sommet de sa colline la plaine d’un côté et la Mander de l’autre, dotée de plusieurs rangs de remparts concentriques de plus en plus importants qui protégeaient chaque enceinte. Mais la finesse de l’architecture, l’harmonie parfaite des fortifications avec les bâtiments de vie, les colonnades de marbre, les toits dorés, les bannières vertes, les jardins envoûtants, les roses jaunes. Chaque pas était un pur ravissement des sens, et pour une passionnée de botanique comme la brune, une découverte de chaque instant, le cadeau du savoir. Sans compter qu’à l’esthétisme visuel s’ajoutait la musique et les chants qu’on pouvait entendre de-ci de-là au détour d’une allée ombragée ou non loin d’une fontaine. Par les Sept, comme il faisait bon vivre ici, et comme l’excitation du savoir et la douceur de la grâce gagnait peu à peu la jeune femme qui ne savait plus où donner de la tête tant cet univers qui semblait lui correspondre tellement plus que l’austère demeure des Tarly l’enivrait. Elle était si heureuse de vivre cela, qu’il lui en arrivait même parfois d’oublier sa timidité dans la plénitude de son être qui se révélait ici plus que jamais elle ne l’aurait cru possible, mais jamais sa distinction ni sa pudeur néanmoins.

Il y avait aussi la plus grande bibliothèque qu’elle n’ait jamais vue, avec des ouvrages rares qu’elle se plaisait à dévorer les jours de pluie, bien rares cependant, ou le soir avant de s’endormir avec des rêves et de nouvelles connaissance plein la tête. Mais ce jour là, le ciel était, tout comme Talla, voilé, et la pluie tombait depuis le matin. Même ainsi Hautjardin était beau, Talla pouvait apercevoir depuis la haute fenêtre de la bibliothèque que la demeure des Tyrell ne perdait rien de son charme si éclatant sous le soleil et si naturel sous la pluie. Elle aurait une meilleure vue depuis sa chambre, elle prit donc l’imposant ouvrage comme si elle portait une relique sacrée et se dirigea vers ses appartements. Quelle ne fut pas sa surprise de croiser, alors qu’elle arrivait devant la porte de sa chambre et essayait d’ouvrir la porte tout en tenant le livre trop gros et trop lourd pour elle, une Lady Margaery trempée jusqu’aux os.

__ Lady Margaery ? Mais ? Vous êtes trempée ! Vous allez attraper la mort ! Permettez moi de vous prêter un manteau le temps d’aller jusqu’à vos appartements, ma chambre est juste ici. »

Bon… peu importait le livre, il s’agissait d’un cas de force majeure, Lady Margaery était en danger ! Elle posa le livre par terre et ouvrit sa porte, résolue à lui éviter un gros rhume qui hélas, malgré la science des mestres pouvait laisser de graves séquelles. Elle l’invita à entrer avant elle et inclina la tête, ce que, sous le coup de la surprise et de la peur, elle avait oublié de faire jusqu’ici. Elle reprit le livre et entra à son tour avant de poser l’ouvrage sur son bureau et d’ouvrir son armoire.

Les gardes robes des deux jeunes femmes étaient on ne peut plus différents, les robes de la Tyrell était plutôt osées, même pour le Bief, alors que celles de Talla étaient plus proche du style glacial du Nord. Pudique et réservée, la grande brune n’avait jamais aimé porter de larges décolletés, et même couverte des clavicules aux chevilles et jusqu’aux poignets, elle portait presque toujours un voile, même si ces derniers temps, elle s’était parfois permis de le retirer pour se promener dans les jardins. Cela dit, pour les manteaux, cela ne changeait pas grand-chose, après tout, il s’agissait d’avoir chaud, pas de montrer ses courbes. En plus, la pudeur à la limite de la pudibonderie de la jeune femme ne l’empêchait pas d’aimer les belles choses, dont les tenues de sa Dame. Ses robes à elle, fabriquées par ses soins pour la plupart étaient sages, mais pas moins belles, les étoffes et les couleurs étaient choisies avec soin. Il fallait tenir son rang et il était hors de question de ressembler à un sac de jute. Quelque part elle admirait Lady Margaery d’oser porter des tenues aussi colorées et montrant autant de peau, et bien qu’elle n’aurait jamais pu porter cela, elle trouvait cela magnifique sur la Princesse des Épines et pas du tout vulgaire.