Franchement, faire tout ce chemin pour chasser et discutailler n’enchantait guère le Sire de Corcolline, cependant, Leyïa était de nouveau à marier et vu les passions qu’elle déchainait, il valait mieux se hâter avant qu’elle ne fasse une bêtise. Evidemment elle était la perfection, la jouvencelle incarnée, aussi belle que sage et forte, mais lui aussi avait été un adolescent dirigé par ses hormones, il lui semblait donc indispensable de la fiancer à nouveau au plus vite. Quelle malchance tout de même pour le Chevalier Tully. Enfin, là, la proposition était loin de le laisser indifférent, aussi avait-il fait tout ce voyage en bougonnant, mais avec tout de même un léger sourire aux lèvres. L’héritier de Bois Doré, rien que ça, c’était encore mieux que ce jean foutre de Tully, un peu moins loin aussi, et cela assurait un avenir fameux à sa petite blondinette favorite. Prestige, richesse, tout y était, on pouvait difficilement rêver mieux. Cela dit, la missive ne précisait pas qui il voulait marier à qui, mais Leyïa était l’élégance et la grâce, donc ce choix ne faisait aucun doute et d’ailleurs, Randyll repartirait courroucé s’il s’agissait finalement d’une toute autre proposition.

Ainsi, après une semaine de chevauchée le sévère Randyll Tarly arriva en vue de la forteresse. Boisdoré était un peu trop fleurie et dotée d’un luxe trop ostentatoire à son gout, mais cela plairait probablement à sa fille. Il en évalua les défenses d’un simple coup d’œil et en conclut que vraiment, ces nordistes du Bief n’étaient pas faits comme eux, les seuls, les vrais, ceux qui protégeaient les Marches de Dorne. Mais au moins ici, Leyïa serait en sécurité, à l’abri des Dorniens, loin des Montagnes Rouges. Il descendit de cheval dans un grand fracas d’armure de plate et demanda, sitôt les présentations terminées et le pain et le sel échangés, sans détour et sans autre forme de politesse à se reposer, se restaurer et prendre un bain. Il puait le cheval et la transpiration de sept jours de voyage et tout de même, il lui fallait représenter sa Maison dans un état un peu moins déplorable.

Il passa une relative bonne soirée, son hôte mettait les petits plats dans les grands pour son arrivée, et bien qu’il ne le montra que peu, il en fut ravie, au moins sa valeur, celle de sa famille et de sa fille était reconnue. Tentant de ne pas s’endormir lors du repas ennuyé par les conversations aussi inutiles qu’inintéressantes, il profita que Lord Mathis s’étouffe de rire avec du vin pour couper court à leurs sots babillages. Il raconta alors quelques-unes des dernières batailles qu’il aavit menées, encensant, lui, sa force, son épée et ses hommes à chaque fois qu’il était possible. Il en conclut que s’il avait été là au siège d’Accalmie, Stannis aurait été contrait de rendre les armes ou de mourir de faim avec tous les autres rats de l’Orage.

Le lendemain fut plus amusant, la chasse le ravissait et bien que le Sire de Boisdoré se révéla un bien piètre partenaire aussi malhabile qu’obèse et laid. Heureusement pour lui, son fils ne semblait pas trop tenir du père, il plairait certainement à Leyïa. Pas qu’il se soucie outre mesure de l’apparence de son beau-fils, mais il tenait à rendre sa fille heureuse et à éviter les cris et les larmes. Renly c’était bien débrouillé, on aurait pu croire seulement aussi bien que son père, mais ce dernier avait été aidé par ses hommes, tel un couard qu’il était. Quant à Randyll, il était un peu énervé de n’avoir tué qu’un sanglier, mais il était meilleur en stratégie miliaire qu’en chasse bien qu’il ne soit pas mauvais non plus dans ce sport. Il le manqua d’ailleurs pas, au retour, de le signifier à tout le monde racontant, avec grandiloquence, la bataille de Cendregué comme s’il y était encore et sortant même Corvenin à la fin pour montrer l’acier Valyrien à tous.

__ Je veux mon n’veux ! » Répondit Randyll en riant au compliment de Mathis sans prendre le soin de le lui retourner et encore moins de le remercier. « J’ai déjà chassé plus gros gibier et bien plus teigneux en la personne de notre Roi vous savez. Mais à l’époque, il était encore rapide et fringuant. Quoi qu’il en soit, Renly se débrouille aussi à ce que je vois, vous avec de quoi être fier de lui. Mon fils est encore bien jeune, mais il est déjà Hardi le petit, et j’ose espérer qu’il deviendra comme le vôtre ! »

Mathis l’invita à le suivre. Randyll fit un clin d’œil au jeune homme derrière lui en partant. Une fois arrivés dans le Bureau, il regarda la pièce puis s’assit lourdement dans un fauteuil tout en répondant au Sire de Boisdoré.

__ Avec plaisir Messire, j’en ai aussi quelques bons tonneaux dans ma cave à Corcolline, mais le partager avec vous sera encore meilleur. »

Non, ça n’était pas un compliment, cela sous entendait juste qu’il savait ce dont ils allaient parler et que cela se ferait plus facilement autour d’un bon vin. De plus cela pouvait aussi sous-entendre que le Vin de la Treille était meilleur quand il était offert par un tiers et non payé par le Tarly. Mais celui-ci ne se faisait pas d’illusion, c’était une bien maigre rétribution par rapport à ce qu’il devrait débourser en cas de mariage. Ces cérémonies dispendieuses et chiantes à mourir l’ennuyaient, mais s’il était un rustre, il était bien trop fier de sa maison pour offrir une cérémonie ridicule à sa fille préférée.

__ Parlons peu, parlons, bien, votre missive faisait mention d’un mariage, j’imagine qu’il s’agit de votre ainé… »

Le Lord Tarly était fidèle à sa réputation, froid, austère, légèrement vantard. Mais bon, c'était un stratège reconnus, un grand guerrier et sa famille était riche, puissante, influente, un des meilleurs partis du bief pour son aîné. Par ailleurs, on racontait que la seconde fille du Lord de Corcoline était plutôt belle et bien faite malgré son jeune âge, 13 ans. Mais bon, c'était courant que de jeunes fille de 13 ou 14 ans soient mariée après tout, mais comment allait réagir Renly devant cette femme tout juste sortie de l'enfance, et pas encore pleinement dans l'âge adulte ? Mais chez lez Tarly, d'après ce que le vieux Rowan avait put rassembler comme info, c'était la plus désirable des deux filles à marier, et la préféré du seigneurs, ce qui pourrait grandement servir les intérêt de Renly et de la famille Rowan à terme. Car après tout, même si le seigneur de Boisdoré souhaitait le bonheur de son fils il souhaitait surtout la prospérité de sa maison, et il savait que son fils la souhaité tout autant. Bref, le seigneur de Boisdoré servit deux coupes et posa la carafe sur le bureau, elle ne serait pas de trop, dans cette discutions.

Le Tarly ne souhaitait pas s'attarder sur les civilité dirait on, dans un sens tant mieux, cela économiserait au Rowan de la salive, du temps et du vin. Son aîné, c'était en effet pour lui que le seigneur de Corcoline avait fait tout ce voyage, pour marier une de ses filles à l'héritier des Rowan, Renly. Le Lord de Boisdoré s'installa dans son grand fauteuil confortable de l'autre coté du bureau et but un gorgée de vin.

Mathis : " En effet, il s'agit de mon aîné, il est grand temps qu'il se marie. J'ai immédiatement pensé à votre famille."

Cela faisait en effet un petit moment que le seigneur des lieux menait ses investigations sur la famille Tarly, il les avais d'abord éloigné, à cause du fait que la seconde fille à mariée, la plus belle, était déjà fiancé. Mais il avait appris que le dit fiancé était mort, dans un sens, c'était tant mieux. Le seigneur de Boisdoré posa sa coupe sur la table et repris la parole.

Mathis : " On me dit que vos deux première filles sont à mariées ? Je dois dire que des échos sont arrivé jusqu'à chez nous, concernant la plus jeune des deux, Leyïa, on vante sa beauté et son intelligence jusqu'à chez nous vous savez."

C'était vrais, il avait fait des recherches, certes, mais certains bruits lui était venus naturellement, le bief était un terre de murmures et de rumeurs, les secrets étaient rarement gardés dans cette région du monde. Le gros Rowan prit une gorgée de Vin, il savait que le Tarly ne l'apprécié guère, il avait vus ses regards. Il est vrais que le Rowan n'avait pas gardé son allure d'antan, il avait grossis, peut être trop profité des bonnes choses. Mais Grace à Renly, la famille Rowan et Tarly pourrait faire front commun, s'associer. Non pas qu'ils aient des ennemis, mais les deux maisons, bien qu'importante séparément, pourraient jouir d'une importance encore plus grande une fois réunis par le mariage.

Mathis : " Je pense, si ce que l'on me rapporte est exact, que votre seconde fille est bien plus indiqué pour se marier à mon héritier, qu'en pensez vous ?"

Oui, après tout, c'était ses filles, même si il serait déçut de n'avoir pas obtenue la fille qui ferait le moins "fuir" Renly.

De la salive peut-être, du temps aussi, celui de Lord Tarly était tout aussi précieux que celui de Lord Rowan, mais du vin, c’était sans compter sur la descente légendaire de Randyll qui en plus, tenait très bien l’alcool. Quand à Mathis, il était aussi gros et gras qu’on le disait, un peu moins maladroit peut-être, en tout cas à la chasse, mais il avait le mérite de savoir recevoir et d’être riche, bien né, bref, tout ce qu’un père peut espérer pour sa fille. Or, il tenait à la fiancer à nouveau au plus vite pour essayer d’enfin réussir à caser Talla, car tant que la plus belle, Leyïa était libre, l’autre moche n’avait aucune chance. Et puis ça changerait les idées à la blonde qui devait souffrir d’être si loin à Port-Real et veuve avant même d’avoir connu la nuit de noce.

__ Ah très bien ! Oui, je connais ça, j’aimerais marier mon aînée, mais hélas, elle vieillit et impossible de lui trouver un époux digne de la Maison Tarly. Heureusement, ce n’est pas le cas de Leyïa qui est d’une beauté époustouflante, on le dit, je le sais, mais lorsque vous la verrez, vous pourrez constater que les mots ne sont rien par rapport à la réalité. Votre fils saura apprécier et elle saura se faire aimer de lui et devenir une épouse et une belle fille dont vous pourrez être fier, tout comme je le suis en tant que père. Intelligente elle l’est sans aucun doute, largement assez pour une femme, Renly ne pourra pas refuser un tel mariage et comme j’ai eu la chance de l’apercevoir aujourd’hui, je sais qu’elle lui plaira aussi. Vous allez me dire que ça n’est en rien indispensable pour un mariage aussi prestigieux que celui de nos deux maisons, mais cela ne gâche rien. Nous sommes certains d’être rapidement des grands-pères heureux et comblés, nos femmes pourront pouponner et nous seront tranquilles pendant un certain temps. » Termina-t-il en riant.

Randyll ne tarissait pas d’éloges pour sa fille, aveugle à tous ses défauts. Il but une gorgée de vin et manqua de s’étouffer alors que Mathis semblait envisager autre chose qu’un mariage entre Renly et Leyïa. Il s’exclama :

__ Bien sûr ! Talla est trop âgée et vous méritez mieux, sans aucun doute. En revanche, si vous pouviez m’aider pour mon aînée, je vous en serais infiniment reconnaissant, peut-être avez-vous des relations que je n’ai pas. Elle n’est ni très avenante ni très dégourdie, mais mise entre les mains d’un homme à poigne, elle pourrait devenir une bonne épouse et sa constitution robuste en fera une mère de famille nombreuse, j’en suis persuadé. »

Il s’essuya la bouche d’un revers de manche et soupira. Talla lui causait tant de tourment, il se refusait à voir ses qualités, intelligence, docilité, douceur, générosité, humilité et culture. Au fil des années, il ne voyait plus que ses défauts et en était venu à la haire et à être tenté de la refourguer à n’importe qui juste pour l’éloigner de Corcolline. Il ne pouvait décemment pas, la réputation de sa Maison était en jeu, mais il fallait bien essayer de lui trouver quelques qualités pour la vendre, et s’il négociait bien la dote de Leyïa, il pourrait en offrir une substantielle pour Talla qui compenserait son physique peu engageant.

__ Très bien, je vais la faire revenir de Port-Real au plus vite et nous pourrions organiser une première rencontre d’ici quelques semaines. Savez-vous si Lord Mace prévoit un banquet ou un bal d’ici peu à Hautjardin ? »

Hautjardin serait l’idéal, ni ruineux pour lui ni pour Bois Doré, plus près de Corcolline, Mathis n’aurait pas en tête les frais dus à une telle fête pour négocier la dote et cela se ferait devant tout le gratin du Bief. De plus qui sait, cela pourrait lui permettre de trouver un parti acceptable pour Talla.