__ « Balerion ! Balerion ?! Allez, viens là… Minou, minou ! Allez, sors de là ! Si Eglantine revient et te vois là elle va te chasser à coups de balais… Allez… » Elle était assise par terre à côté de son lit. Ayant soulevé les couvertures afin de voir sous celui-ci. Là, s’y trouvait Balerion le chat noir. Il avait appartenu à la jeune Rhaenys Targaryen. Il lui avait été offert alors qu’il était encore un chaton très peu de temps avant que la petite fille soit assassinée. Aujourd’hui, le chat n’était plus tout jeune. Pas vraiment beau, une oreille en moins et possédant un caractère quelque peu difficile. Myrcella arrivait de temps à autres à lui faire une caresse sans que celui-ci n’essaie de la griffer. Il était du genre sauvage… C’était peut-être pour cette raison que la petite princesse l’appréciait tant. Ca et … Le fait qu’il n’ait plus sa petite maîtresse. La princesse avait essayé tant bien que mal de l’apprivoiser… Difficile tâche mais elle le nourrissait et ça, c’était la meilleure idée qu’elle avait eu car finalement, il lui faisait confiance. Tellement que quand elle l’avait appelé alors qu’il était dans le couloir, il avait trotté jusqu’à elle et puis, une fois rassasié, il s’était caché sous le lit. Maintenant, il ne voulait plus en sortir et Myrcella craignait que quelqu’un ne rentre et ne le chasse violemment. Elle avait essayé le lard, le pigeon, des fruits… Si seulement elle avait eu des souris…

Assise à, elle se mit à réfléchir aux derniers jours qu’elle venait de passer. Les trois derniers jours plus particulièrement. Depuis « l’accident ». En réalité, elle allait beaucoup mieux. Elle avait été rassurée sur son état, la gravité de sa cicatrice, le fait qu’elle ne resterait surement pas visible ou vraiment peu. Ses journées étaient toujours rythmées par les changements de cataplasme et les soins et elle se trouvait toujours dans cette chambre qui n’était pas la sienne mais la petite princesse positivait. Elle savait, ou du moins, espérait, que dans quelques jours, elle serait autorisée à retourner dans ses « appartements » et à vivre comme avant. Le regard des gens posé sur elle en plus, mais … Elle avait l’habitude qu’on la regarde même si, elle savait pertinemment que maintenant, ce ne serait plus vraiment pareil.
Elle en avait beaucoup parlé avec son oncle qui lui avait été d’une aide précieuse afin qu’elle se sente bien. Elle ne cessait de repenser à leur entrevue dès qu’elle avait une petite angoisse. Cela marchait systématiquement. Il fallait aussi avouer qu’à force de rester ici, elle s’ennuyait pas mal alors, elle se regardait dans le petit miroir que Tyrion lui avait apporté et que personne n’avait encore trouvé, elle lisait, elle dormait… Elle invitait des chats… En gros, elle commençait sérieusement à s’ennuyer. Elle avait eu des visites, oui, mais maintenant qu’elle se sentait mieux, elle en avait plus qu’assez. Le Mestre prenait de trop grandes précautions, du moins, c’était ce qu’elle pensait. Elle allait très bien ! Elle avait encore mal mais lui-même lui avait dit que c’était normal alors pourquoi ne pas la laisser enfin vivre à nouveau comme avant ?! Elle devait patienter et le faire sans trépigner. Pas si difficile que cela quand on connaissait Myrcella Baratheon mais quand même. Elle aurait aimé avoir plus de visites. Cela ne faisait que trois jours, certes, mais ses amies pouvaient bien lui rendre visite non ? Avoir Tommen, sa mère, la famille… C’était très sympathique mais et les amies alors ? Elle adorait cancaner, c’était un côté de sa personnalité qui ne plaisait pas à tout le monde mais elle était une petite fille bientôt femme qui aimait papoter avec ses amies… Quel mal faisaient-elles ? Dieux… Ce qu’elle avait envie de bavasser !

Tout à coup, elle entendit frapper à la porte. Quelqu’un entra sans qu’elle ne lui en ai donné la permission : Eglantine. Evidemment, elle devait avoir quelque chose d’extrêmement urgent à lui annoncer pour faire une telle entrée.
La princesse n’avait pas eu peur que ce fut un nouveau malfrat venu pour lui trancher la gorge, non non. Elle avait des gardes à l’extérieur de sa chambre. Et puis… Son oncle lui avait fait comprendre que devenir paranoïaque ne l’aiderait pas alors, elle n’avait jamais été une trouillarde et ne désirait pas en devenir une !

__ « Quelle entrée Eglantine ! Que se passe-t-il ? » Elle s’était tout de même relevée, baissant bien vite les couvertures. Balerion était toujours sous le lit et avec tout le bruit que faisait maintenant sa Septa, pas de risque qu’il sorte de là.

__ « Sa Majesté la Reine vient vous rendre visite. Elle sera là d’ici à peine quelques… Ouh… Votre Majesté. » Cersei était apparue plus vite que prévu. Myrcella n’était pas vraiment coiffée ni même vraiment présentable mais il s’agissait de sa mère alors… Non, elle aurait voulu être parfaite. Depuis l’accident elle craignait que Cersei ne la trouve plus aussi jolie et qu’elle soit déçue à la vue de sa fille… Elle redoutait vraiment l’avis de sa mère sur sa petite personne et finalement, ce qui l’embêtait le plus dans tout cela, c’était ce regard qui sur elle avait changé.

__ « Mère, je suis ravie de vous voir ! » Elle lui avait fait les salutations d’usage. Eglantine elle tentait au mieux de refaire le lit tout en ramassant les oreillers que la jeune princesse avait jetés par terre… Une vraie tornade !

Cersei avait toujours été une mère extrêmement protectrice et l’incident de Myrcella n’arrangeait pas les choses.

D’une part elle voulait couver sa fille de manière à ce que plus rien ne puisse lui arriver, d’autre part, elle se morigénait en se disant qu’elle ne pouvait pas l’enfermer dans sa chambre pour toujours… Cersei savait à quel point la vie était cruelle, elle savait également qu’elle ne serait pas toujours là pour veiller à ce qu’on ne lui fasse pas de mal, et elle comprenait désormais que même sa présence n’était pas un rempart suffisant. Au vu de tout cela, elle devait envisager de laisser Myrcella prendre conscience des dangers de la vie pour qu’elle ait un jour, ses propres armes pour se défendre. Néanmoins, comme toujours, il y avait un fossé entre la théorie et la réalité : elle en pouvait se résoudre à détruire la candeur de Myrcella. Elle était sa princesse…

Il y avait aussi son malaise constant devant la blessure de sa fille. Elle ne supportait pas la vu de cette balafre qui rouvrait ses propres blessures mentales, mais sa fille ne méritait pas de la voir triste, la situation était déjà suffisamment dur pour elle, elle ne pouvait pas lui infliger en plus sa propre douleur. Quel comble pour une mère que de ne pouvoir regarder son enfant dans les yeux. Et cette répulsion s’accompagnait bien évidement d’une envie de la voir, de la serrer dans ses bras, de la chouchouter comme lorsqu’elle été bébé…

Cersei était donc bouleversé par un flot de sentiments et de pulsions contradictoires qui la faisait virevolter d’un point de vu à l’autre sans transition. C’est pourquoi, il lui arrivait parfois de courir vers la chambre de Myrcella sans crier gare, tout comme elle pouvait retarder le moment de sa visite à l’heure la plus tardive possible, espérant la voir endormie.

Aujourd’hui, ce n’était néanmoins pas seulement son instinct maternel malmené qui guida ses pas vers sa princesse. Elle venait, en effet, d’apprendre que Tyrion lui avait rendu visite il y a peu, et elle s’inquiétait de ce qu’il avait pu lui dire. Elle savait bien qu’il n’avait aucune mauvaise intention, il aimait trop Myrcella pour ça. Elle s’inquiétait cependant de son étrange philosophie et de son manque de délicatesse global.


Lorsqu’elle entra dans la chambre, elle croisa le regard presque effrayée de la Septa, et s’en amusa plus qu’elle ne s’en offusqua. Sans daigner répondre à ses salutation elle s’approcha de sa fille en essayant d’ignorer la cicatrice qui barrait son visage.

« Mère, je suis ravie de vous voir ! »
Elle sourit, et s’avança jusqu’au lit en congédiant la septa d’un revers de main avant d’embrasser sa fille sur la joue. Assise sur le bord du lit, elle laissa son regard courir sur les longs cheveux blonds de Myrcella.

« Comment te sens-tu ma princesse ? », demanda-t-elle d’une voix douce, complètement sincère dans son inquiétude.

Prise d’une subite envie, elle attrapa une brosse à cheveux et se mit à démêler tendrement ceux de sa fille, consciente qu’elle n’aurait surement pas la patience d’aller jusqu’au bout.

Elle aurait préféré que Cersei ne vienne pas lui rendre visite maintenant mais d’un autre côté, elle était heureuse de voir sa mère et de partager un moment avec elle.
En réalité, elle se sentait en faute d’avoir fait entrer le chat dans sa chambre. Elle savait que s’il lui arrivait quoi que ce soit maintenant, coups de balais ou de pieds ou autre, tout cela serait de sa faute et elle s’en voudrait. Peut-être avait-elle été un peu trop égoïste quand elle avait décidé qu’elle voulait, une nouvelle fois, essayer d’en faire son petit animal de compagnie. Folie et égoïsme. Voilà ce qui s’était emparé d’elle. Balerion tolérait de temps à autres quelques caresses mais ce n’était jamais simple à accomplir. Cependant, elle comptait sur le fait qu’il s’agissait là d’un animal particulièrement malin et la jeune princesse croisait les doigts pour qu’il reste sagement sous le lit.
Lit sur lequel sa Majesté était maintenant assise.
Myrcella se rendait bien compte que quelque chose clochait désormais dans le regard que sa mère posait sur elle. Oh, elle s’imaginait bien les raisons de tout cela. Sa cicatrice. Tyrion l’avait prévenu que pour commencer, les gens la regarderaient différemment. Tant que la balafre ne serait pas parfaitement guérie, elle serait très visible et les gens pourraient s’empêcher de la dévisager. Cersei ne faisait (presque) pas exception à la règle. Presque car en réalité, plutôt que de dévisager sa fille, elle semblait ne plus oser la regarder. Voilà ce que la princesse redoutait le plus. Décevoir sa mère. Voir en elle du dégoût, de la tristesse. Il s’agissait pour elle d’une épreuve presque aussi difficile que celle qu’elle venait vivre avec l’attentat et le pire serait que rien ne changerait peut-être plus jamais. Et si son Altesse ne daignait plus jamais regarder sa petite princesse comme avant ?
Myrcella n’avait besoin que de l’admiration d’une seule personne et celle-ci semblait ne plus pouvoir passer outre cette fichue cicatrice.

__ « De mieux en mieux Mère. J’ai repris des forces et je n’ai presque plus de douleurs. Je dois avouer commencer à m’ennuyer un peu dans cette chambre. Pensez-vous qu’il me sera bientôt possible de sortir ? » Sortir et voir ses amies et retrouver une vie normale. Refaire apparition dans le « monde ». Apprendre à vivre après la « catastrophe ».
Son oncle lui avait donné beaucoup de bons conseils mais depuis, elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de le mettre en pratique. Elle voulait avancer. Sortir la tête de l’eau et montrer à tout le monde qu’elle allait bien ! C’était important pour elle. De, plus, ce n’était vraiment pas bon pour son moral de rester ainsi enfermée et pour la plupart du temps seule. Voir sa famille était important mais elle avait aussi besoin de ses ami(e)s ainsi que des inconnus. Peut-être s’agissait-il là d’une curiosité mal placée mais elle ne pouvait plus rester ainsi. La cacher ne lui semblait plus être réellement nécessaire et puis plus cela durait, plus les gens allaient en discuter sans réellement savoir de quoi il s’agissait.

Elle se laissa docilement faire quand sa mère se mit à lui brosser les cheveux. Cela n’arrivait pas si souvent et elle appréciait ces moments. Elle adorait que l’on lui tripote les cheveux alors, quand c’était sa mère qui le faisait, elle en tirait encore plus de plaisir.

__ « J’ai eu une idée… Enfin, c’est oncle Tyrion qui m’a donné cette idée en réalité. » Elle savait très bien que maintenant sa mère était au courant de la venue de son petit frère au chevet de la jeune princesse. Si sa septa n’avait rien dit, il s’agissait d’un garde ou même encore du Mestre. Elle n’était pas idiote.

__ « Voilà, vu ce qu’il s’est passé, l’incident, peut-être serait-il plus sage que Tommen et moi ayons un garde du corps attitré. Je sais que nous avons beaucoup de gardes mais malheureusement, cela ne semble pas suffire. Si j’ai été touchée, cela pourrait, que les sept nous en préserve, aussi arriver à Tommen. Si lui et moi avions notre garde personnel, les risques seraient surement diminués. » Joffrey avait le Limier. Joffrey était prince héritier… Mais ce n’était pas lui qui avait été touché même si il ne s’agissait en réalité que de pur hasard. Le hasard avait pourtant « bien « fait les choses et c’était la famille royale qui avait été touchée. Un réel coup de maître peut-être pour ceux qui étaient derrière tout cela. Atteindre la famille souveraine c’était aussi montrer au peuple qu’elle n’était si invulnérable que cela et pour leur image de grandeur, c’était assez limite en réalité. Un garde du corps pour chacun des enfants était une idée tout à fait bonne et légitime.
Si ça se trouve, Cersei allait refuser pour le simple fait que Tyrion avait été mentionné. Elle espérait que non car elle avait besoin de ce garde pour se sentir mieux.

__ « De mieux en mieux Mère. J’ai repris des forces et je n’ai presque plus de douleurs. Je dois avouer commencer à m’ennuyer un peu dans cette chambre. Pensez-vous qu’il me sera bientôt possible de sortir ? »

À la simple idée que sa fille sorte et subisse à nouveau les périls du monde, Cersei sentit son cœur se serrer. Inconsciemment, elle se mit à brosser les cheveux de sa précieuse princesse un peu plus fébrilement, son corps trahissant sa pensée.  


__ « J’ai eu une idée… Enfin, c’est oncle Tyrion qui m’a donné cette idée en réalité. »

Cersei serra les dents pour ne rien dire. Elle avait eu vent de la visite de Tyrion, mais avait jugé préférable de ne rien dire : son lutin de frère avait toujours montré une certaine affection à ses enfants – sauf Joffrey - et la servante lui avait rapporté que Myrcella avait été ravie de sa visite. Rien que pour ça elle lui pardonnait un instant d’exister. En revanche, savoir qu’en plus de la consoler il lui avait mis des idées dans la tête ne l’enchantait guère. En même temps, aurait-elle pu s’attendre à quelque chose d’autre de sa part ? Ne restait plus qu’à voir de quels absurdité il s’agissait.

Cersei suspendit son geste, tendue comme un arc, attendant que sa fille termine et parle de cette fameuse idée.



__ « Voilà, vu ce qu’il s’est passé, l’incident, peut-être serait-il plus sage que Tommen et moi ayons un garde du corps attitré. Je sais que nous avons beaucoup de gardes mais malheureusement, cela ne semble pas suffire. Si j’ai été touchée, cela pourrait, que les sept nous en préserve, aussi arriver à Tommen. Si lui et moi avions notre garde personnel, les risques seraient surement diminués. »


Pendant un instant le temps sembla comme figé et Cersei resta muette de stupéfaction. Elle intégrait peu à peu le sens des paroles de sa fille, et était forcée de reconnaître qu’elles étaient tout à fait intelligentes. Etait-ce là l’idée que lui avait soufflé le nain et qu’elle redoutait tant ?

Apaisée, la reine se remit à brosser les longs cheveux bouclés de Myrcella. Les même que les siens et ceux de Jaime, des cheveux de Lannister, étincelant comme de l’or. Une toison qui faisait et qui ferait toujours pâlir de jalousie la plupart des demoiselles de Port Réal. Bizarrement, cette simple remarque réussit à calmé un peu les angoissent profondes que portait Cersei depuis l’attenta contre sa fille. Certes une partie d’elle-même avait été abîmé. Mais le reste était intact. Cette cicatrice n’avait rien de charmant, mais qui pourrait oser prétendre qu’elle était soudain devenue un laideron ? Non, Myrcella restait une enfant adorable. Sa précieuse petite princesse.

Abandonnant la brosse à cheveux sur le bord de la commode Cersei osa enfin lever les yeux sur sa fille. Elle la contempla un instant en essayant de ne pas s’attarder sur sa blessure qui restait bien visible, puis l’attira doucement contre elle pour l’étreindre tendrement. Voilà par où elle aurait du commencer. L’enlacer maternellement et lui dire qu’elle l’aimait et que tout allait bien.

L’idée de laisser Myrcella sortir lui était toujours insupportable, pourtant elle comprenait aisément que celle-ci souhaite gambader à nouveau. Ce n’était qu’une enfant… Une enfant qui voulait faire face et recommencer à vivre, alors que le destin avait été impitoyable. Elle ne pouvait pas laisser ses peurs la cloitrait pour toujours dans cette chambre de peur qu’elle souffre de quelques quolibets désobligeant.

Prenant une grande inspiration, la reine cessa son étreinte et recommença à papouillé la chevelure de Myrcella tout en déclarant :

« Ton oncle a eu une très bonne idée. » Cette simple phrase lui coûtait, pourtant elle ne se voyait pas faire de mauvaise fois dans une situation pareille, surtout auprès de sa fille. « Je vais détacher les meilleurs hommes de ma garde pour vous accompagnez, et tu pourras sortir dès que j’aurais finis les préparatifs. » Elle marqua une pause et termina sur un ton faussement menaçant : « Mais tu dois me promettre de ne pas chercher à échapper à leur vigilance, et de toujours écouter Mestre Pycelle et ta Septa pour te soigner correctement ! »



Alors qu'elle attendait avec impatience la réaction de sa fille, Cersei sursauta en sentant quelque chose lui frôler la jambe.

La petite princesse avait bien senti que les mouvements de sa mère, alors qu’elle lui brossait les cheveux, étaient différents. Moins intenses, elle ne les sentait presque plus. Ce qu’elle venait de dire ne lui avait surement pas plu. Ou ne lui convenait pas. Le changement état survenu alors qu’elle lui demandait quand elle pourrait sortir à nouveau. Retrouver ses ami(e)s, la cour, leurs sujets… Tout le monde ! Myrcella en avait réellement besoin. Elle ne parviendrait à passer à autre chose que quand sa vie redeviendrait normale. C’était logique en même temps. Elle avait du mal à comprendre pourquoi sa mère ne la laissait pas aller de l’avant. A huit ans, il lui était compliqué de se mettre dans la peau de Cersei. Se dire que si elle n’avait toujours pas le droit de reprendre une vie normale c’était uniquement parce que Sa Majesté voulait à tout prix la protéger. Elle y pensait. C’était une raison qui lui semblait tout à fait normale, cependant, elle avait de plus en plus de difficultés à accepter de rester enfermée.
La petite fille ne commenta pas le changement survenu sur le comportement de sa mère. Elle était consciente que le fait d’évoquer la venue de son oncle pouvait mettre mal à l’aise Cersei ou plutôt la crisper. Une nouvelle preuve qu’elle n’aimait pas son frère… Cela blessait la petite blonde mais qu’y faire ? Ce n’était pas à elle de faire la morale à la Reine. Elle n’était pas en mesure de faire cela. Trop jeune, pas assez mure. Un jour, peut-être, mais pas encore. Certainement pas encore. C’était trop tôt. Quand elle serait une femme si cela était toujours d’actualité…. Cela serait surement d’actualité, Cersei détestant si fort son cadet !

Elle avait évoqué l’idée de Tyrion. Idée parfaite selon elle, pourtant, Cersei restait muette. Myrcella ne se retourna pas immédiatement. Elle n’était pas certaine de pouvoir le faire. Elle était perdue mais cela ne dura pas longtemps. Alors qu’elle prenait son courage à deux mains pour se retourner et regarder sa mère celle-ci finit par recommencer à la brosser. Bon… C’était surement une bonne chose. Oui. Elle préférait cela et souriait même en regardant devant elle. - « Oui, Oncle Tyrion pouvait avoir de bonnes idées Mère. Ce n’est pas un démon qui veut notre perte à tous ! Il est bon et gentil et vraiment très intelligent ! La preuve en est avec cette merveilleuse idée ! » - Ca, c’est ce qu’elle aurait aimé dire mais mieux valait se taire ! SI elle avait parlé, Cersei ne l’aurait peut-être pas prise dans ses bras. Ce que c’était agréable. Elle sentait toujours très bon. Cette odeur elle l’adorait, elle l’apaisait. L’odeur de sa mère quoi de mieux pour se sentir au sommet ? Il n’y avait que cela pour calmer des angoisses, des cœurs brisés ou autres problèmes « d’enfant » (au sens large). Elle profita au mieux de cette étreinte et la lui rendit. Elle se blottit contre elle.
Une fois l’étreinte terminée, elle profita encore des papouilles de sa mère dans ses longs cheveux ondulés. Avait-elle rêvé ? Elle venait d’avouer que son oncle Tyrion avait eu une bonne idée ! Whahoooo, quel progrès ! Elle recommença à sourire, cette fois-ci face à sa mère et à pleine dents.

__ « Vraiment ?! Je suis si contente ! » Elle avait joint ses mains sur sa poitrine comme pour crier victoire. Elle allait pouvoir ressortir ! Enfin ! Après tous ces jours à tourner en rond et s’ennuyer elle allait enfin revoir le monde ! Merveilleux ! Elle était prête à faire taire les moqueurs et autres « grandes âmes » ayant pitié d’elle. Personne n’avait à avoir pitié d’elle ! Elle était entière, en bonne santé, princesse… Elle n’était pas à plaindre et Mestre Pycelle lui avait bien dit qu’elle ne garderait pas une énorme marque. Pas la peine d’avoir pitié donc !

__ « Bien sûr Mère ! Vous avez ma parole ! Je vais moi aussi avoir un garde du corps… Comme Joffrey. Je vais enfin retrouver mes amies. Reprendre mes leçons. Partir en balade. Vivre ! » Elle parlait à sa mère mais en même temps c’était aussi un peu à elle-même qu’elle s’adressait. Elle énumérait tout ce qu’elle allait pouvoir enfin faire. C’était inattendu. Une belle surprise que la venue de Cersei !
Elle battait toujours du pied contre le bas du lit. Cela avait dut énerver Balerion. Alors que sa mère sursautait elle vit une patte de chat tenter d’attraper les pans de sa robe. Il sortit comme une fusée de sous le lit et fonça vers la fenêtre fermée. Là, il se cacha, du moins, tenta de se cacher car sa queue était toujours bien visible. Très agitée. Elle battait le sol de droite à gauche de façon frénétique. Tout à coup, le chat bondit et s’accrocha au rideau. Les oreilles en arrière, les yeux grands ouverts, comme un fou ! Myrcella, peu habituée au quart d’heure de folie des félins sursauta, la bouche ouverte prise de surprise. Que faire ? Ce chat n’était pas tout jeune mais c’était une certitude, il avait gardé son âme de chaton !

Voir Myrcella si heureuse et excitée mis du baume sur le cœur de Cersei. Même une Lannister, avait besoin de ces moments de paix et de réconfort. C’est le plus souvent chez ses enfants qu’elle retrouvait cette joie qu’elle avait perdue depuis des années. Ils avaient le don de la faire sourire, sourire pour de vrai. Pour un petit rien.
Elle se souvenait que par exemple, rien ne pouvait la rendre plus heureuse que de se pencher sur leur berceau et de les regardait agités leurs petits doigts, agripper les siens, babiller en souriant…

C’est une fusée noir tout droit sortie de sous le lit qui fit éclater sa rêverie. Surprise, Cersei lâcha un petit cri et attrapa machinalement Myrcella pour l’attirer contre elle. Comme si ce geste spontané aurait pu la protéger d’une quelconque agression. Mais à priori, seul les rideaux étaient en danger. Pendant un instant, Cersei dévisagea la créature noire. Elle était vraiment hideuse ! Ce chat semblait avoir des centaines d’années tant il était abimé.

Cersei appela immédiatement la Septa et des servantes. Sans sourire aucunement, toute magie envolée, elle ordonna que la bestiole soit capturée et qu’on s’en débarrasse sur le champ. Elle ne voulait en aucun cas que sa princesse déjà blessée attrape une horrible maladie ou que ses affaires soient remplies de puces à cause d’un affreux chat vagabond.

S’en suivis alors une course épique. Un valet et une servante armée d’un sceau et un balais se mirent à courir après la créature qui semblait encore très agiles. Il bondissait partout, se faufilés dans les recoins les plus inaccessibles. C’était presque cocasse de voir tous ces gens courir partout après en l’appelant ou en vociférant. Trois humains incapables de venir à bout d’une créature minuscule…

Plus le temps passé, plus Cersei sentait son amusement doublé d’un certain énervement croitre. D’un côté, la situation avait un indéniable aspect burlesque, de l’autre, elle commencé à être sincèrement agacée de leurs incompétences.

Ce qui arrive forcément quand autant de personnes s’agitent dans une pièce petite (à l’échelle d’un château cependant), arriva. La servante fit un geste maladroit et brisa une boite en porcelaine sur la coiffeuse de Myrcella.

La réaction de Myrcella la surpris hautement. Celle-ci la supplia de ne pas lui faire de mal en prétextant qu'il était utile au château et s'efforça même de le laisser s'échapper en se levant pour ouvrir la porte.

Un calme incertain s'installa dans la pièce après de départ du chat. La servante responsable de la casse espérait de toutes ses forces que l'incident passerait inaperçu, Myrcella était dans l'attente de sa réponse et Cersei était perplexe. L'idée que sa fille s'approche d'un chat de gouttière dégouttant ne l'enchantait guère, mais elle était si faible avec ses enfants. Incapable de leur résister... Myrcella traversait un moment particulièrement difficile, devait-elle vraiment rester campé sur ses positions et accablé plus encore sa fille ? Sa demande n'était pas vraiment un caprice, elle semblait réellement tenir à ce sac à puce...

Soupirant, elle commença par faire celle qu'elle savait le mieux faire : houspiller la servante responsable de la casse. Déjà, elle se sentait bien mieux après s'être défoulée sur cette empoté de premier ordre qui avait briser une boite qui valait plus cher que son salaire. Une fois que les dépris furent nettoyés et que tout le monde fut parti, la laissant seule avec sa fille, Cersei dû à nouveau se pencher sur le problème.

Elle n'était pas Mestre, mais elle savait très bien toutes les maladies que pouvaient propagées ces bestioles, rien ne l'effrayait plus que d'apprendre que la blessure de sa princesse s'était infecté à cause de sa trop grande gentillesse à l'égard de ses enfants. Elle les aimait, elle ne voulait pas les blesser ou les décevoir, toutefois, lorsqu'elle voyait le ton que se permettait parfois Joffrey, elle se disait qu'il serait préférable de ne pas les dorloter trop. Mais, encore une fois, les circonstances étaient particulières.

Se levant à son tour pour prendre Myrcella dans ses bras, elle la câlina un moment en passant sa main dans ses cheveux avant de l'embrasser sur le front.

« Tu l'aimes beaucoup ce chat n'est-ce pas ? » demanda-t-elle d'une voix douce et compréhensive.

Sans attendre sa réponse qu'elle savait affirmative, Cersei reprit sur le même ton :

« Je comprends tu sais, mais il faut que tu saches que les animaux, surtout quand ils sont sales, sont porteur de graves maladie. Écoute, je te promets que je ne lui ferait aucun mal, si tu me promets de ne plus le toucher ou le laisser rentrer dans ta chambre. Et si tu es sage, je te trouverais un vrai animal de compagnie propre et bien obéissant, quand dis tu? »

Le compromis lui semblait tout à fait concevable. Elle pouvait comprendre le besoin d'attention de Myrcella et elle se disait que finalement un petit animal de compagnie ne lui ferait pas de mal. A condition qu'il soit digne d'elle, c'est à dire bien élevé et propre jusqu'au bout des griffes afin de s'assurer qu'il ne représente aucun danger pour sa fille. Bien sûr, il était hors de question qu'elle se promène avec l'une de ses immondes bêtes qu'avaient les Stark, mais un chat, ou un petit chien, un oiseau même pourquoi pas.

La Reine, la Princesse et le chat noir !

Oui, la réaction de la jeune princesse avait été quelque peu excessive mais il fallait le lui pardonner. Elle avait été secouée par l’attaque qu’elle avait subi et elle s’était pas mal sentie seule ces derniers jours dans cette chambre qui n’était pas la sienne. L’ennui l’avait envahie et la seule créature qui acceptait sans la dévisagée de venir la voir était Balerion le chat alors elle ne voulait en aucun cas que du mal lui soit fait. La bête venait car il savait qu’il aurait à manger sans avoir à trop en faire. Il savait aussi qu’il pourrait se réchauffer au coin du feu et qu’un coussin lui serait même prêté. Il ne semblait d’ailleurs pas en raffoler mais peu importait au jeune faon-lion. Il avait été présent et même si il était moche comme pas permis, elle l’aimait beaucoup. Ce petit côté sauvage la fascinait en réalité. Il pouvait se mettre à ronronner tout en acceptant volontiers une gratouille ou deux pour finalement se rebeller et partir en trottant l’air outré. Il l’amusait. Depuis toujours elle lui avait couru après sans ne jamais rien dire à personne. Aujourd’hui elle avait été prise sur le fait et craignait qu’il soit puni pour cela… Puni d’être moche et sale… Comme si cela était vraiment sa faute. C’était le problème de sa famille, de sa mère : Tout ce qui n’entrait pas dans le moule devait être supprimé. C’était idiot ! Complètement idiot ! Enfin, dans l’esprit de la princesse ses sentiments n’allaient pas jusqu’à juger ainsi sa mère. Elle pensait uniquement que cela n’était pas juste envers ce pauvre chat. Tout comme ce n’était pas juste de traiter ainsi son oncle Tyrion. Il était pourtant adorable. Avec elle et son frère Tommen en tout cas… Pour Joff c’était autre chose mais… Joff… Il ne lui semblait ni lion ni cerf, juste une saleté de vipère. Il n’était pas gentil. Pas gentil du tout !
Enfin, le problème n’était pas son aîné maintenant mais son ami poilu.

__ « Oui Mère. Il a été d’un grand réconfort ces derniers jours et depuis que je suis petite je le vois dans les couloirs chassant la vermine. Il est très gentil… Un peu spécial mais gentil. » Elle tentait au mieux de le vendre mais connaissant la Reine, elle savait qu’elle avait peu de chance de la voir tout à coup changer d’avis. Elle pouvait tout au moins tenter de lui faire promettre qu’elle le laisserait tranquille. Chose faite.

Sans aucun doute elle croyait sa mère. De toute façon, Balerion avait tout un tas de cachettes, il saurait se mettre à l’abri mais si elle ne le voyait pas d’ici quelques jours elle saurait que sa mère lui avait menti. Déception.

__ « Je comprends mais il est si vieux maintenant… Je ne pense pas qu’il soit en mauvaise santé… Il aurait juste besoin d’un bon bain. Mais je vous promets d’essayer de ne plus le chercher partout. » Par contre, si elle tombait sur lui par hasard… Elle ne promettait pas de ne plus lui donner des petites choses à manger ! Elle en serait incapable. Passer à ses côtés et ne pas « papoter » avec lui. L’ignorer ? Elle en était incapable ! Trop gentille petite princesse !
La suite la réjouit !

__ « Vraiment ?! Oh Mère ! Merci ! Merci !! Un chaton alors ! Un chaton car après tout, je suis à moitié félin moi aussi ! » Elle n’aimait pas les chiens. Si tous les chiens étaient comme celui qui s’occupait de Joff… Ah non, ça, c’était un homme, mais bref ! Elle était aux anges ! Elle aurait un petit chat ! Un petit tout poilu avec les yeux très clair, le pelage gris clair aussi. Pleins de poils et de grosses patounes ! Mais attention, il faudrait qu’il soit aussi malin que Balerion ! Oh ce qu’elle était heureuse ! Elle sauta dans les bras de sa mère pour la remercier encore. Cette journée était une très bonne journée ! Ce qu’elle avait hâte ! A partir de maintenant, elle serait sage comme une image ! Comme d’habitude !

one more time.

Terminé?!