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Uchronie du Trône de Fer de George R.R. Martin. Venez incarner un riche Lord, un noble chevalier, un seigneur ruiné ou un roturier dans le Royaume des Sept Couronnes !
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[Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers]

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MessageSujet: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime22.05.14 13:33

Année 298, onzième lune, première semaine

De tout les habitants de Westeros, les Dorniens étaient sans doute les seuls à attendre l'hiver avec une certaine impatience.

Plus au nord, dans les fertiles contrées du Bief et les pluvieuses Terres de l'Orage, l'été était porteur d'abondance, de richesses, de moissons opulentes et de fruits juteux. Le soleil faisait dorer les blés et mûrir les pêches, les fleurs s'épanouissaient et les arbres offraient leurs ombres claires aux voyageurs.
Il en allait différemment à Dorne. Ici l'été était synonyme de chaleur étouffante, de sécheresse, de maigres récoltes. Le soleil cuisait les plantes à peine sorties du sol, desséchait la terre, transformait les puits d'eau claire en mares nauséabondes. Si la belle saison s'éternisait, si la pluie tardait à venir, la disette suivait immanquablement, et avec elle les troubles inévitables d'un pays qui a faim.

L'été qui s'achevait avec une lenteur étouffante était le plus long qu'on ait connu de mémoire d'homme. Voila pourquoi les Dorniens, dans leurs prières, espéraient plus que jamais l'hiver. Et voila pourquoi, si Lord Wyl avait accepté que sa fille se rende à Lancehélion par voie de terre, il avait insisté pour qu'elle emmène une solide escorte avec elle.

Ser Corwin, bien entendu, l'accompagnait, et son écuyer de même. La question ne s'était même pas posée, bien que le père n'approuve pas vraiment qu'Alyx traîne dans son entourage un chevalier de l'Orage. Elle-même n'avait qu'une confiance limitée en l'homme, mais jusqu'à présent, il fallait bien admettre qu'il s'était montré relativement fiable. Olyvar Sand, le bâtard, était également du voyage. Lui non plus n'approuvait pas l'attention que Corwin Rogers portait à sa soeur et ne s'était jamais fait prier pour l'exprimer clairement. Cinq guerriers enfin les accompagnaient, portant l'arc,la lance, et un bouclier rond aux couleurs de leur seigneur.

Ils suivaient le chemin escarpé et tortueux des Osseux depuis près de cinq jours, et approchaient maintenant d'un défilé particulièrement étroit. Le soleil bas allongeait les ombres et les pas des chevaux résonnaient entre les falaises. Les hommes de Wyl étaient sur leur gardes, et Alyx ne l'était pas moins.

*Nous aurions du nous arrêter plus tôt*, songea-t-elle en grimaçant. Elle tenait son arc en main, guidant son cheval de l'autre, et son regard courrait régulièrement vers les hauteurs, attentive au moindre mouvement, au moindre bruit. L'endroit et l'heure étaient parfaits pour une attaque.

*Qu'est-ce que c'était ?!*

Un bruit sur sa gauche, en haut, la fit sursauter. Une petite chute de pierres. Une ombre furtive.

« Attention ! »

Elle tira sur les rênes et une flèche fendit l'air devant elle, frappant le sol aux pieds de sa monture. Sa main vola jusqu'a son carquois, mais avait qu'elle puisse tirer, l'archer tomba au sol, transpercé par la pique d'Olyvar. Son cheval hennit et se cabra légèrement comme le corps s'écrasait devait lui, et elle du passer quelques secondes à le maitriser. Devant et derrière eux, armes en main, des hommes sortaient de l'ombre et leur barraient la route, l'avancée comme la retraite.

Ils étaient plus d'une quinzaine, et leur nombre (ou la faim violente qui les tenaillait sans doute) avait du leur laisser penser qu'ils pouvaient raisonnablement s'attaquer à un groupe moitié moins nombreux, fut-il lourdement armé. Ils avaient du se séparer, pourtant, une tactique hasardeuse, et leurs archers -*Au moins un, mort maintenant, mais peut-etre d'autres tapis dans les rochers* - semblaient plus que médiocres.

*Des bergers, des artisans. Aucun d'entre eux sans doute n'est un vrai guerrier.*

Pas de quoi fanfaronner, cependant. Un coup de lame rouillée ou de faux armant un paysan vous tuait tout autant que l'épée d'acier valyrien d'un noble chevalier. Autour d'Alyx, les hommes de la maison Wyl levaient leurs boucliers pour protéger aussi bien leur personne que leur dame d'éventuels nouveaux tirs. Alyx, elle, cherchait sa prochaine cible, l'arc tendu, son regard vif et mobile scrutant les recoins de la montagne. Les hommes sur la route étaient un danger moins immédiat qu'un tireur embusqué, capable de décocher une flèche dans le dos de ceux qui chargeraient vers ses compagnons plus exposés.
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MessageSujet: Re: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime22.05.14 21:58

*Par les sept, que suis je allez faire dans cette galère?* Telle était la question que se répétait à présent le chevalier errant, chevauchant à quelques pas derrière celle qui était son employeuse. La cotte de maille, pourtant bien plus légère que les armures complètes plus à la mode dans la chevalerie de Westéros lui semblait un four sous le soleil pesant de la région, et si il ne se plaignait pas, son visage rouge montrait, bien plus que n'importe quel mot à quel point le climat lui était désagréable.

Lorsqu'il n'était qu'un adolescent, Corwin s'imaginait Dorne comme un pays merveilleux aux jardins splendides, aux déserts mystérieux peuplés de créatures extraordinaires et de femmes sensuelles à la peau cuivrée. Il voyait à présent que, comme d'habitude, les récits des ménestrels s'arrêtant au château familial contenaient une bonne part de sornettes destiné à éveiller l'imagination.

Elle lui avait dit que Lancélion était la destination. Une longue route par des chemins cahouteux et plein de poussière, sans qu'un arbre vienne à protéger le voyageur de la morsure du soleil.... Toujours préférable à la voie maritime que Corwin détestait par dessus tout. On ne savait pas si on ne tomberait pas sur quelque pirate à l'affut d'une proie et se battre sur un pont de navire sans possibilité de retraite était une expèrience au mieux déplaisante, au pire mortelle.

Elle? La noble Lady Alyx, héritière de la famille du même nom qui était toujours devant lui. Cela faisait, quoi, un an qu'il la servait et il se surprenait lui même à tenir parole. Corwin savait qu'en temps normal, il aurait cherché le moindre prétexte pour rompre sa promesse de la servir tant que sa dette n'était pas remboursée. L'absence de précision sur le montant théorique de la dite dette laissait à la demoiselle le choix de l'estimation de ce dernier fait.

Portant un mouchoir à sa tempe, il essuya les gouttes de sueur suintant des pores de sa peau pourtant asséchée. Il pouvait sentir sur lui le regard méprisant des Dorniens. Il n'était pas des leurs et ils lui faisaient sentir. Au début, Corwin avait du casser quelques nez pour se faire respecter. Aux moqueries avait succédé une méfiance. On le respectait pour ses talents de combattant mais on le craignait également. Pourquoi un chevalier errant originaire de L'Orage servait Lady Alyx?

*Peut être parce qu'elle a un jolie postérieur musclé ?* Pensa le chevalier, un sourire en coin tandis que ses yeux se posaient sur le dos de la demoiselle. Encore quelques jours et il pourrait boire et copuler tout son saoul dans les lieux de débauche de la capitale Dornienne.

C'est le reflet d'une lame, quelques secondes avant le cri d'Alyx qui l'avertit. On ne vivait pas vieux lorque l'on fait du métier des armes son mode de vie si on ne prêtait pas attention au moindre détail. Ce défilé était parfait pour une embuscade. Du moins, si le jeune homme avait été payé pour tendre une embuscade, aurait-il choisi cet endroit. Rapidement, il s’empara de son écu au moment où la première flèche fut tiré.

*Y a un truc qui ne colle pas, mon vieux Corwin*. Les hommes qui à présent les attaquaient étaient de pauvres hères armés de bric et de broc, et le nombre n'était guère un avantage dans un défilé aussi étroit. L'archer était mort à peine sa première flèche tiré et le combat semblait joué d'avance. Non, il devait y avoir autre chose derrière cette attaque. D'un geste, il fit signe à Seran, son écuyer, garçon maigre d'une dizaine d'année à la figure sale chevauchant une mule de préparer son arbalète.

Les premiers bruits du combat retentissaient autour de lui. Au fracas des lames s'entrechoquant succéderait bientôt les premiers râle des blessés. Guerriers entraînés montés contre paysans l'issu du combat ne semblait ne faire aucun doute. Les montagnes rouges s'abreuveraient bientôt de sang carmin. Pourtant l'instinct du chevalier, ce même instinct qui lui avait valu d'être toujours en vie, lui disait que quelque chose n'allait pas.

Il le vit alors. L'homme se tenait sur une hauteur et sa tenue semblait se marier parfaitement avec la couleur du terrain. Il avait en main un arc de qualité bien supérieur à celui des paysans qui commençaient à reculer devant les Dorniens. Il visait très soigneusement la monture d'Alyx... Pas bête, car si il abattait cette dernière, sa cavalière chuterait. Les Dorniens chercheraient à la protéger s'exposant à d'autres flèches et perdant l'avantage de la mobilité offert par leurs montures.

*Logique mon grand. Ce type sait qui elle est et c'est sa rançon qu'il vise. Ou sa virginité. Voir les deux. Il la lui faut donc prisonnière et intacte. Aller il est temps de lui montrer qui est Corwin Rogers* Éperonnant Tonnerre son destrier, le chevalier donna sur la croupe de la monture d'Alyx un claque, forçant cette dernière à faire un écart. Les yeux de la blonde lancèrent à cet instant des éclairs, quelques secondes du moins avant de voir la flèche se planter là où se trouvait son cheval auparavant.

Je crois que le gentilhomme là haut souhaite vous entretenir, Lady Alyx, dit Corwin d'un ton narquois montrant du doigt l'homme qui venait à nouveau de saisir une flèche de son carquois. Le chevalier restait prêt de sa maîtresse, gênant ainsi la visée du tireur, usant de son écu à cette fin, n'ayant guère le temps de se saisir de son arbalète...

Restait à voir si cette dernière était aussi bonne archère qu'elle aimait à le prétendre tandis qu'autour d'eux les combats continuaient. Déja quatre corps jonchaient le sol alors que l'escorte n'avait de son coté qu'un guerrier blessé. Mais les brigands continuaient à affluer. La mort de leur chef mettrait peut-être fin à la bataille...
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MessageSujet: Re: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime27.05.14 14:55

Elle s'apprêtait a tirer sur l'une des pauvres hères qui attaquaient leur cortège quand Ser Corwin frappa la croupe de son cheval, qui fit un brusque écart. Elle le foudroya du regard, furibonde. Comment osait-il ?! Il allait voir de quel bois elle se...
.. Une flèche se planta alors juste devant les sabots de sa monture, et elle comprit instantanément le geste du chevalier. Elle ne perdit pas de temps en excuses, ce n'était pas son genre. Au lieu de cela, elle encocha a nouveau sa flèche et elle chercha le tireur des yeux. Abattre les archers était toujours une priorité.
Avant qu'elle ne repère sa proie, cependant, le chevalier de l'orage la lui indiqua d'un ton narquois. Agaçant. Il fallait qu'il la ramène, bien sûr, le fanfaron. Il restait près d'elle cependant, la protégeant de son bouclier. C'était normal, vu son rang et le serment qu'elle lui avait fait prêter, et le pauvre Corwin n'y était pour rien, mais cela aussi l'agaça. Elle était dornienne, la fille de Jonos Wyl, commandant aux guerrier de son père, gardienne des frontières du pays, pas une de ces petites donzelles effarouchées aux yeux de biches comme en comptait tellement les contrées du nord.

Elle avait néanmoins assez de jugeote et d'intégrité pour ne pas s'en prendre à son protecteur,et tourna plutôt sa colère vers leurs assaillants. Déjà son agresseur, en haut de la colline, prenait une nouvelle flèche. Mais la blonde fut plus rapide. Une seconde pour viser, un claquement sec lorsque la corde se relâche, et le bruit mat de la flèche qui pénètre la chair tendre d'une gorge exposée. Le tir à l'arc avait toujours été son point fort, et l'adrénaline la rendait plus précise encore. *Voila pour ceux qui tentent d'abattre mon cheval *, pensa-t-elle farouchement. L'animal a la robe couleur fort proche du sang séché, qu'elle appelait familièrement « Rouge » était un authentique coursier des sables, présent de son aïeule, et elle le chérissait plus que toute autre possession. Elle mit quelques secondes à calmer l'impétueux animal et détacha sa lance. A l'homme qu'elle venait d'abattre elle n'accorda pas une pensée. Elle ne se troublait ni avec les remords, ni avec les questions. Le temps des interrogations viendrait après. Pour l'instant, elle avait envie de frapper quelqu'un, et si possible avec un objet tranchant. Ce qui tombait plutôt bien, car tranchante, la pointe de sa lance l'était parfaitement, et des hommes a frapper, il en restait un peu plus d'une demi douzaine.

Certes, devant elle le combat touchait presque a son terme, mais l’enchaînement des événement avait piqué sa fierté et il était désormais hors de question de laisser d'autres combattre à sa place. Elle talonna sa monture et chargea au galop, surprenant son escorte et certainement son protecteur orageux, poussant un cri de guerre, et se retrouva au cœur de la mêlée. De son arme, elle embrocha le plus proche, puis fit volter Rouge pour en blesser un deuxième avant qu'il ne s'approche trop près. Le cheval se cabra et bouscula le malheureux, qui finit sous ses sabots. Une lame de faux rouillée la frôla, son porteur aussitôt abattu (Par qui ? Elle n'avait pas eu le temps de regarder. Peut-être bien Corwin). Puis ce fut la débandade, les malandrins restants semblant enfin réaliser que leur entreprise était vaine, a moins que l'horreur de la mort violente de tant de leurs compagnons n'ait surpassé le désespoir et la faim qui les avaient poussés a attaquer. La Dame de Wyl hésita un moment à les pourchasser, mais se ravisa. L'impétuosité était une chose, l'imprudence une autre, et s'engager a cheval dans les sinueuses sentes de chevriers qui parcourraient les montagnes était le genre de décision appartenant à la deuxième catégorie.

Au lieu de cela, elle calma son cheval qui piaffait encore, surexcité par la violence qui venait d'avoir lieu sur le petit chemin, et regardant dans quel état se trouvaient les hommes. L'un d'eux était blessé au bras, et elle pinça les lèvres. Les plaies s'infectaient vite sous le soleil de plomb. Fort heureusement, Ferboys n'était plus qu'a quelques heures de marche.
« Ecartez-les de la route », ordonna-t-elle à ses hommes en indiquant les cadavres des bandits. « Et qu'ils nourrissent les charognards, cela fera peut-être réfléchir à deux fois les prochains »
Les vautours, eux au moins, mangeraient à leur faim ce jour-là. Même la famine profitait à certains.
Elle essuya la pointe de sa lance sur les frusques d'un des cadavres, et s'approcha ensuite du chevalier de l'Orage et inclina la tête.
« Vous avez une bonne vue, Ser Corwin. Vous n'êtes pas blessé ? »

C'était sans doute ce que l'homme pourrait obtenir d'elle qui soit le plus proche d'une forme de remerciement. Sa fierté l'empêchait de reconnaître a haute voix sa dette, mais en elle-même, elle admettait que sans le grand brun, sa situation aurait été bien plus précaire. Ca n'était pas tout a fait pareil que de se faire sauver la vie. Pas vraiment. Mais c'était quelque chose.

« Autant ne pas s'attarder, il va falloir chevaucher rapidement si l'on veut atteindre Ferboys avant la tombée de la nuit »


Dernière édition par Alyx Wyl le 05.06.14 22:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime28.05.14 10:47

Cela se finissait toujours comme cela. Par des morts et des blessés. Il n'y avait là nulle gloire à ôter la vie, c'était juste une règle naturelle. Les forts survivent et les faibles périssent. Cela faisait bien longtemps que Corwin ne se faisait guère d'illusions sur le monde où il vivait. Il avait parcouru les routes pendant plus de dix ans, mis son épée au service d'un nombre incalculable de nobles à la cause plus ou moins juste...

*T'a fait ton travail. C'est tout, Corwin. Juste ton travail*. Le combat n'en avait pas été un en fait. Une fois la surprise passée et l'archer abattu par Lady Alyx, les brigands s'étaient fait massacrer et les survivants avaient pris la fuite sur des sentiers qu'ils connaissaient bien. Corwin était restée aux cotés de son employeuse, l'impétuosité de cette dernière pouvant la conduire à prendre des risques inconsidérés.

Il ne s'était pas trompé d'ailleurs et dans la fureur de la bataille, Sanguine, son épée, s'était abattue sur un des hommes portant une faux qui allait s'abattre sur la demoiselle. *Un de plus *, songea t'il sans accorder plus d'attention au corps qui tombait. A une époque, il se plaisait à compter le nombre de ses victimes mais il s'était arrêté à dix lorsqu'il s'était rendu compte qu'un jour lui aussi figurerait sur la liste des victimes d'un chevalier plus fort ou plus jeune. Il y avait toujours plus fort que soi lui répétait Ser Lowain.

A présent le carnage était fini et il se tenait sur son destrier. Aux cris des mourant succéda le calme de l'endroit. Le vent s'était levé, un air chaud qui asséchait la peau, et le chevalier se retint de porter la main à sa gourde. Économiser l'eau était une nécessité dans ce pays. L'odeur du sang, de la mort venait à chatouiller ses narines sans qu'il en soit gêné plus que cela.

Il l'écoutait donner ses ordres. La dame de Wyl restait digne de son rang en toute circonstances. Parfois Corwin se demandait si elle n'était pas sortie ainsi du ventre de sa mère, droite et fière. L'homme qui lui serait marié devrait faire attention à ne pas être trop orgueilleux sous peine de finir aussi masculin que Varys. Sans savoir pourquoi et malgré la chaleur l'idée le fit frissonner.

A présent, elle s'approchait de lui. Toujours fière sur son cheval, magnifique coursier du désert au comportement qui rappelait celui de sa maitresse. Pourtant Corwin ne baissait pas les yeux face à elle. Il ne le faisait jamais avec Alyx, la défiant parfois inconsciemment. Elle avait certes gagner une certaine loyauté de sa part mais Corwin Rogers ne baissait pas l'échine ainsi. Il nota son inclinaison de tête et sourit à sa question.

On ne vit pas vieux lorsque l'on est chevalier errant sans de bons yeux, Lady Alyx.

Il n'avait pas été blessé lors de l'altercation. Vétéran de combats d'escarmouches, le jeune homme avait depuis longtemps appris à ne pas s'exposer inutilement à ses adversaires, même si la protection de la Dornienne rendait cet aspect là plus compliqué. *Tu m'aurais embrassé si j'avais saigné pour toi, ma jolie ?* La pensée eu le mérite de le faire sourire mais il se contenta d'une réponse plus diplomatique.

Je vais bien. Ce n'est pas encore aujourd'hui que vous me verrez saigner Lady Alyx.


Il n'avait pu s'empêcher de prononcer ses mots avec une lueur d'ironie dans le regard. Un de ces jours, cela se retournerait contre lui, il en avait conscience.*Si elle se contente de te renvoyer, tu auras de la chance* lui soufflait sa raison. Pourtant c'était devenu, avec le temps, un jeu entre deux, sans règles établies. Lady Alyx était entourée de gens qui lui montraient du respect plus pour sa naissance que pour ses mérites. Corwin, lui tachait, sans dépasser certaines limites de se comporter en égal.

Il amena Tonnerre aux cotés de cette dernière. Les ombres tournoyantes des charognards attirés par la promesse d'un festin se dessinaient dans le ciel. Les volatiles attendaient le départ des vivants pour accomplir leur sinistre besogne. Dans quelques jours, seuls des ossements blanchis témoigneraient ce ce qui s'étaient passés.

Je suis d'accord. La nuit pourrait redonner courage à ses brigands et qui sait si ils n'ont pas quelques amis dans les environs.

La nuit, la connaissance du terrain primait. Camper alors même que rodaient des hommes qui verraient leur peur remplacée par un sentiment de vengeance n'était pas une bonne idée. Et puis cela faisait longtemps qu'il n'avait pas dormi dans un lit après s'être saouler du vin de dattes sucré dont raffolait les habitants du pays.

Avez-vous des ordres particuliers Lady Alyx ? Je suppose que vous demanderez l'hospitalité au château ou préférez-vous que nous réservions une auberge ?

Qui sait... Elle préfèrerait peut être aux démonstrations hypocrites d'amitiés de l'intendant de l'endroit, le confort simple d'un établissement chaleureux. D'autant que pour être à temps à Lancehélion, ils devraient repartir des le lendemain sans pouvoir s'attarder à quelques mondanités.

Éperonnant Tonnerre, il commença à s'avancer à nouveau sur le sentier après avoir vérifier que la troupe était prête au départ, observant le soleil amorcé sa course descendante. Il avait hâte de se saouler pour oublier ce qu'il était en ce moment...

*Une épée à louer. C'est tout.*
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MessageSujet: Re: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime05.06.14 22:35

Les répliques ironiques de Ser Corwin avaient le don de l'agacer autant qu'elles l'amusaient. Elle avait beau faire, elle ne savait jamais exactement comment y répondre avec suffisamment de répartie et cela pouvait parfois la mettre en rage. A d'autres moments, cependant, elle appréciait son insolence. C'était le cas ce jour-là, sans qu'elle sache trop pourquoi, et elle esquissa bel et bien un sourire en talonnant sa monture pour reprendre la route.

Le Rouge était encore tout excité par le combat, et elle dut prendre quelques minutes pour calmer les ardeurs du coursier. Le soleil était maintenant derrière les montagnes, et s'il faisait encore jour, ça ne durerait pas très longtemps.

« Une auberge... hm, l'idée serait presque tentante, ser Corwin »

Elle non plus n'aimait par les mondanités, et si elle n'avait rien contre les Ferboys, la calme chaleur d'une auberge de route lui aurait mieux convenu, ce soir-là, que les hauts murs d'une forteresse.
On n'a cependant pas toujours le choix, même lorsqu'on est héritière de Wyl. Surtout lorsqu'on est héritière de Wyl. Son passage, même furtif, serait remarqué, reporté. Les Ferboys risquaient de prendre ombrage du fait que la fille de leur plus proche voisin n'ait pas pris le temps de les saluer lors de son voyage vers Lancehélion. Ce genre de petite rancœur était la graine de tensions plus grandes, de désaccords plus profonds qui pouvaient s'installer entre deux familles. Et les désaccords profonds entre les familles nobles, à leur tour, fragilisaient le pays. Des détails, certainement. Mais une fille de son rang devait justement savoir s'attarder sur ce genre de détails. La force de Dorne était tout ce qui comptait, et son rôle était de la préserver. De la faire grandir. Jusqu’à ce qu'un jour la principauté soit à nouveau assez forte pour retrouver sa gloire d'antan...

Un grognement de douleur étouffé provenant de l'homme blessé la fit revenir à des considérations plus terre à terre, et la conforta dans sa décision. Non seulement la diplomatie dictait de s'arrêter au château de Ferboys, mais ils auraient en plus besoin des services de leur Mestre. La plus petite blessure peut s'infecter et pourrir si elle n'est pas soignée correctement, et Alyx faisait fort peu confiance aux genre de rebouteux que l'on pouvait trouver dans les auberges du commun. S'il y avait bien une chose hors de Dorne qu'elle respectât, c'était Villevieille, sa Citadelle, et le savoir qu'on y dispensait.

« Nous nous arrêterons au château de Ferboys. Vu l'heure à laquelle nous arriverons, de toute manière, je pense qu'ils auront déjà mangé. »

Ils reprendraient la route à l'aube, et avec de la chance, échapperaient à la plupart des cérémonies qui accompagnaient généralement l'arrivée d'une personne de rang. Elle talonna sa monture sur cette pensée, la poussant trop vite pour permettre une quelconque discussion.
Son esprit était troublé.

***

La lune était déjà haute lorsqu'ils arrivèrent en vue des murs de Ferboys, Porte des Montagnes Rouges et demeure du Gardien de la Voie de Pierre. On les reçut comme elle l'avait espéré, courtoisement mais sans fioritures : une bonne partie de la maisonnée dormait déjà. On s'occupa de leurs chevaux, on fit quérir le Mestre, on leur arrangea rapidement des chambres pour la nuit et un repas froid mais copieux. On s'excusa de l'accueil frugal, elle s'excusa de l'arrivée tardive, on fit des deux coté assaut de civilités et de courtoisies. Elle se lassa fort vite du jeu, comme toujours, et se retira rapidement une fois ses devoirs accomplis.
Elle n'alla cependant pas tout de suite à sa chambre. Sans trop savoir pourquoi, elle n'avait pas sommeil. Quelque chose la travaillait. Elle marcha un moment dans les couloirs, pensive, et finit par se retrouver sur les remparts. Elle s'appuya contre les créneaux et tâcha de comprendre ce qui la mettait mal à l'aise. Ce n'était pas la tuerie en elle-même, certainement pas. Alyx n'était pas sans cœur, certes. Bien qu'elle n'en ait elle-même jamais réellement souffert, elle pouvait comprendre que la faim pousse un berger ou un paysan à se faire bandit. Elle éprouvait même une certaine compassion pour un homme tant poussé par le désespoir qu'il décidait d'attaquer une compagnie de guerriers armés et montés à l'aide d'un couteau rouillé. Mais elle vivait dans un monde pragmatique et n'avait aucun scrupule à tuer pour sauver sa vie. Elle comprenait les réalités qui l'entouraient, la nécessité d'être dure, de répondre à la violence par la violence. Elle l'avait appris toute petite. Même l'acte de laisser les cadavre pourrir au soleil n'était pas gratuit. Les seigneurs de Dorne ne pouvaient commander à la pluie, juste dissuader le peuple de semer le trouble quand elle tardait à venir.
Non, aucune de ses décisions de la journée ne la troublait plus que de raison. Il y avait autre chose.
Quelque chose, elle s'en rendit compte comme ses pensées ne cessaient d'y revenir, qui concernait Ser Corwin. Il lui fallut plusieurs minutes pour mettre le doigt dessus.

Son aide t'a été utile aujourd'hui, les choses auraient pu mal tourner.

Certes, c'était une chose admise. Elle l'en avait même remercié. Plus ou moins. Indirectement. Sa fierté aurait trop souffert d'admettre publiquement qu'elle devait la vie à un homme des terres de l'Orage, mais seule, en contemplant les étoiles, elle pouvait l'accepter mentalement. Ce n'était pourtant pas exactement là que se situait le problème.

Il te sert depuis un an. Même davantage. Il t'a été utile, pour un étranger, il est insupportable par moments et son honneur semble variable, mais il s'est montré parfaitement fidèle à sa parole.

C'était vrai. Elle aurait eu une liste longue comme le bras de reproches à faire au chevalier errant, mais il avait toujours été zélé et irréprochable dans son rôle de protecteur et d'homme lige. Elle détestait admettre des qualités à un non-dornien, mais il en avait, c'était certain.

Alyx, il te sert depuis un an. Il t'a sauvé la vie. Sa dette est payée.

Pourquoi tu ne le libères pas ?

Là. Là était son problème. Et pourquoi, en effet ? Il avait mérité son congé, payé sa dette, l'honnêteté, l'honneur même, lui dictaient de mettre un terme à sa servitude. Pourquoi continuer à s'encombrer de lui, après tout ? Ce n'était qu'un chevalier étranger. Il suffisait de le voir suer dans son armure trop lourde, sur son cheval au pas trop lent, pour comprendre qu'il n'appartenait pas à sa partie et n'y appartiendrait jamais.
Pourtant une part de son esprit se révoltait à l'idée de le laisser partir. Ce n'était pas, contrairement à ce qu'elle s'était répété au fil des mois, le simple plaisir un peu mesquin de se faire obéir par un homme de l'orage, de réduire à la servitude un non-dornien. Elle avait des défauts, c'était certain, et elle avait sans nul doute apprécié la situation dans cette optique, mais pas au point de le garder si longtemps. Elle valait mieux que ça.

Pourquoi, alors ? Pourquoi ne pas lui donner son congé ? Pourquoi ça te répugne autant ?

Plongée dans sa réflexion, elle ne vit pas tout de suite qu'elle n'était pas la seule à être venue chercher des réponses sous les étoiles. Ce n'est qu'en entendant un bruit qu'elle se retourna, surprise, vers la haute silhouette qui s'approchait.
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MessageSujet: Re: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime06.06.14 12:20

Ce fut sans l'ombre d'un regret que l'escorte dévolue à Lady Alyx reprit sa route. La chaleur commençait à se faire moins sentir, au fur et à mesure que le soleil baissait, rendant la terre encore plus rouge par l'intensité de ses derniers rayons. Pourtant Corwin gardait ce goût amer dans sa bouche, celui qui ne le quittait guère depuis qu'il parcourait Westeros. Un jour, il le savait, il se trouverait à la place de ces hommes morts lui aussi , pleuré de personne. Son écuyer récupèrerait ses armes et son cheval et partirait sur les routes à son tour... C'était la règle du jeu pour ceux qui se trouvaient à être de simples chevaliers errants.

*Depuis quand tu respectes les règles, Corwin ? Tricher c'est dans ta nature mon grand* Les réflexions se succédaient dans sa tête tandis qu'au loin se dessinait le château de Ferboys. Il pouvait entendre autour de lui, les hommes soulagés à l'idée de passer une nuit à l'abri, sur des paillasses plus confortables que la terre des montagnes. Lui même sentait son corps endolori avoir une nouvelle vigueur à cette idée.

Il jeta un coup d'oeil rapide vers Lady Alyx. Depuis qu'ils étaient repartis, l'un et l'autre ne s'étaient adresser la parole que de façon éphémère, observant la distance nécessaire entre leur deux rangs. Même à Dorne où les mœurs étaient plus légères, la familiarité et l'audace dont pouvait faire preuve le chevalier en privé envers l'héritière de Wyl aurait pu paraître déplacés en public. *T'évite les ennuis ou c'est son honneur que tu préserves ainsi, mon grand?* la pensée eu le mérite de le faire sourire.

L'arrivée au château se fit à une heure tardive, ce qui n'était pas pour déplaire à Corwin. Il évitait ainsi d'assister aux diverses cérémonies protocolaires ennuyeuses, non pas que sa présence y soit particulièrement indispensable mais par fidélité avec son employeuse. * Tu vieillis Corwin, la fidélité c'est pas sensé être ton truc*. Il réalisait que jamais auparavant, il n'avait lié son épée à quelque seignerur plus que quelques mois.

La plupart des gens dormaient alors que Corwin s'activait dans les écuries. Il s'était isolé là à s'occuper de Tonnerre, n'arrivant pas à trouver le sommeil. Il dormait peu, de toute façon et n'avait pas la chance de posséder un palefrenier pour ce travail. Son écuyer s'était quand à lui quasi écrouler de fatigue et le chevalier tenait à ce que son cheval soit prêt des le lendemain.

*Et Corwin, si t'allais plutôt culbuter dans un tas de foin une des servantes du lieu?* Comme tout homme qui se respectait, Corwin Rogers était loin d'être insensible aux plaisirs de la chair, fréquentant parfois les bordels ou faisant de l'œil à une servante, histoires sans lendemain qui avait le mérite de lui rappeler qu'il était vivant. Pourtant, il restait là , à nettoyer poil par poil son cheval jusqu'à ce que ce dernier soit impeccable.

*Tu sens le purin, mon grand* fut sa seule réflexion alors qu'à regret, il sortit. Profitant de la nuit, il se dirigea vers un bac d'eau qu'il avait repéré, sans doute un lavoir. Et la chance semblait lui sourire puisque un seau de savon, servant sans nul doute à nettoyé le linge se trouvait oublié là par quelque lavandière distraite. Sans même un mot, il se déshabilla, se glissant dans l'eau dont la fraicheur eu le mérite de raviver son corps endolori.

Il ne compta pas le temps où il y resta, juste éclairé par la lumière de la lune, ne se rhabillant que de son bas. * Ta chemise pue trop Corwin, et puis c'est pas comme si les Dorniens étaient un peuple pudique*Alors il regarda dans l'eau, contemplant son reflet. Son torse était musclé, ses pectoraux bien dessinés sans être saillants à l'extrême, porteur de quelques cicatrices qui témoignaient de sa vie aventureuse. Il ne pouvait se laisser aller comme certains à l'embonpoint et passait un certain temps chaque jour à s'entretenir.

C'est torse nu qu'il passa donc par les cuisines, attrapant au passage quelques fruits juteux et une outre de vin. Avisant un escalier en colimaçon, il escalada ce dernier, cherchant un endroit paisible où déguster son butin. Ainsi il parvint à arriver sur les remparts, les sentinelles préférant veiller vers l'extèrieur depuis la grande tour de garde. Pourtant, à sa grande surprise, une autre personne était déjà là.

Lady Alyx ? Voilà une surprise...

La silhouette était caractéristique et c'est d'un pas tranquille qu'il arriva non loin d'elle, son regard toujours plongé dans celui de cette dernière. Portant un des fruits juteux à sa bouche, il croqua dedans, se laissant entrainer par le goût sucré de ce dernier, mâchant sa bouchée avant de l'avaler et de reprendre :

J'espère que je ne dérange pas. Je cherchais un coin où me restaurer tranquillement en regardant les étoiles.

Loin du monde, les rapports entre la dame de Wyl et son chevalier étaient moins protocolaires sans pour autant se laisser aller à une franche amitié. Posant les fruits et l'outre sur un des créneaux, la laissant se servir si elle le désirait, il leva la tête vers les astres.

Elles sont belles n'est ce pas ? Le Mestre qui m'apprenait à lire m'a dit un jour que chacune de ces étoiles a une histoire et que parfois, elles peuvent nous donner une direction possible sur notre avenir. Notre destin est toujours notre mais parfois les étoiles nous indiqueraient le bon chemin à un embranchement.

*C'est cela. Lance toi dans la poésie. Tu n'as pas l'air assez idiot à exposer ton torse comme cela* Malgré la voix, il regardait les étoiles comme fascinés par elles, ses mains s'appuyant aux remparts avant qu'il se tourne à nouveau vers la blonde Dorienne.

Je ne vois pas grand chose sur moi. Par contre je vois quelque chose sur vous, mais désirez-vous vraiment l'écouter?

Un sourire malicieux se formait sur les lèvres du chevalier plus si éloigné d'Alyx. Il la défiait, bien conscient que demain elle pourrait le laisser à la porte. En un autre temps, il n'aurait cherché qu'à recouvrer la liberté. Alors pourquoi là, cette idée lui pinçait-elle le cœur?
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MessageSujet: Re: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime10.06.14 11:36

Les Dieux avaient un curieux sens de l'humour. Ce fut la première pensée de la blonde dornienne lorsqu'elle vit Ser Corwin s'approcher sur le rempart. La seconde fut une idée bien moins décente qu'elle eut en apercevant la tenue – l'absence de tenue, pour une grande partie, maudit soit-il – du chevalier. Elle chassa celle-ci d'un mouvement de la tête.

« Ser Corwin. »

Elle inclina brièvement le menton pour le saluer, les gestes un peu secs. Pourquoi fallait-il qu'il l'interrompe maintenant ? Un instant plus tôt, sa résolution était ferme. Elle irait le voir à l'aube, le tirant sans doute du lit de quelque servante qu'il aurait passé la nuit à culbuter, comme souvent, et lui donnerait son congé. Non seulement l'avait-il mérité, mais sa présence devenait dangereuse. Quelle que soit la raison qui l'avait poussée à le garder si longtemps - je n'ai vraiment pas envie de me poser cette question - elle n'avait pas lieu d'être, et le plus sûr était de l'éloigner au plus vite.

Maintenant qu'il était là pourtant, elle sentait sa résolution fondre comme cette neige dont on lui parlait parfois (mais qu'elle n'avait jamais vue) le faisait au soleil. Les torches vacillantes accrochées au remparts jetaient sur les formes des reflets de bronze mouvant, qui se disputaient aux lueurs d'argent plus sereines dispensées par la lune. Les deux lueurs mêlées, métalliques, mettaient en valeur le torse nu du chevalier, les muscles secs et saillants, la poignée de cicatrices pâles qui le parcouraient...

Il fallait qu'elle arrête de fixer ce torse ou ça finirait par paraître déplacé. Ses yeux se posèrent sur les fruits avec reconnaissance, diversion bienvenue, et elle prit une pêche blanche dans laquelle elle mordit tout en reportant son regard sur la vue.

Qu'est-ce qui te prends, Alyx ? Tu n'es pourtant plus une pucelle.

Peu de dorniennes l'auraient été à son age, et fréquenter la compagnie d'Arianne Martell et des Aspics des Sables durant son adolescence tout en restant vierge aurait de toute façon tenu de l'exploit. Malgré cela, la blonde restait plus prude que beaucoup de ses compatriotes, et son expérience en la matière était plutôt limitée. Son père lui avait inculqué une forte conscience de son rang qui avaient tenu éloignés d'elle la plupart des jeunes hommes de Wyl, que son assurance hautaine et guerrière, sans trace de séduction, rebutait. En l'absence d'une mère pour lui inculquer les ficelles de cet aspect des choses, Alyx prenait plutôt exemple sur son père, et on ne pouvait dire qu'il fut grand séducteur... Elle avait eu un ou deux bons amis à Lancehélion durant les quelques années qui avaient suivi sa floraison, mais il s'agissait surtout de flirts sans lendemain, une poignée de nuits maladroites dans les Jardins, pleines d'hésitations et de rires embarrassés. Elle savait quel effet son corps pouvait avoir sur un homme, et il pouvait lui arriver de s'habiller en conséquences, mais ce n'était pas une arme qu'elle avait réellement entraînée. Elle préférait l'arc et la lance.

En voyant Ser Corwin s'appuyer aux remparts, juste à coté d'elle - beaucoup trop près - elle regretta fugacement de ne pas avoir plus d’entraînement. L'assurance sur laquelle elle pouvait d'ordinaire toujours compter semblait l'avoir désertée.

Arrête ça. Tu t'en fiches. Ce n'est qu'un chevalier errant, un homme de l'orage, un barbare. Tu n'as rien à lui prouver.

La confiance revint peu à peu. L'obscurité masquait ses traits, dissimulant ses atermoiements. Une chance.

Et voila qu'il se mettait à parler des étoiles. Alyx lui lança un regard ou pointait la surprise. Elle le tenait pour un rustre, un homme sans éducation, habile à l'épée, certes – moins que moi - ce qu'elle respectait, mais pour le reste...

« Je ne vous imaginais pas homme à écouter les Mestres, Ser, encore moins à retenir leurs enseignements »

Elle eut un léger sourire, mais une pointe de respect nouveau perçait dans sa voix. Dorne respectait les poètes et les sages autant que les guerriers. Jonos Wyl aimait répéter qu'un homme accompli se devait de maîtriser aussi bien la plume que l'épée. Mais la blonde n'avait pourtant pas l'intention de se laisser impressionner par quelque boniment au clair de lune.

« Ainsi en plus d'être chevalier vous voila diseur de bonne aventure ? Vous avez décidément des facettes que je ne soupçonnais pas... »

Son ton était moqueur et son assurance pleinement revenue. Elle était néanmoins intéressée par ce qu'il pouvait avoir à dire.

« Et bien je vous écoute, Ser, vous avez éveillé ma curiosité. Que vous disent les étoiles à mon sujet ? »
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MessageSujet: Re: [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] [Montagnes Rouges] La gloire est le soleil des morts [PV Corwin Rogers] Icon_minitime10.06.14 12:49

Son cœur battait bien trop vite. Il s'en rendait compte tandis qu'il la fixait sans penser à baisser les yeux. La peur était une chose naturelle chez l'homme lui avait appris son mentor, le tout était non pas de l'ignorer mais de la dominer sans chercher son salut dans une fuite honteuse, synonyme de défaite. Il ne s'agissait pas de courage mais de survie dans un monde où les faibles étaient dévorés.

*Corwin, calme toi. Cette fille n'est rien de plus que ton employeuse, pas vrai ?* Comme à son habitude, le chevalier errant tentait de se persuader qu'il n'avait rien à espérer. Pourtant il continuait à la provoquer sans pour autant qu'elle lui signifie son congé, comme si cette lutte entre leurs deux égos cachait autre chose. Ce fut presque à regret qu'il rompit le contact, retournant vers les étoiles.

Mon père avait estimé que, puisque je n'étais que troisième fils, seules deux choses me permettraient de m'en sortir dans ce monde. Mon bras et ma tête... Alors j’eus le privilège de suivre des cours d'un Mestre en compagnie de ma fratrie. Je dirai que dans la vocation qui est la mienne, celle de chevalier errant, cela fait parfois la différence. Je ne prétends pas être aussi savant que ceux qui font de cette caractéristique leu métier mais j'en sais assez pour ne pas mettre tout ce que je vois sur le compte du surnaturel.

Les images revenaient dans sa tête. Cela faisait plus d'une décennie qu'il avait quitté le château familial et pourtant le souvenir des longues soirées d'études, à écrire péniblement avec une plume à la lueur d'une bougie finissante, le corps fatigué par une journée d’entraînement physique lui revenait. A l'époque, il avait détesté cet enseignement mais le futur lui avait montré que tout savoir était bon à prendre.

*N'empêche que tu ne sais pas lire dans les étoiles. Alors qu'est ce que tu essayes de faire passer comme message, Corwin ?* La prudence était sa principale qualité jusqu'à présent et là il avançait un pion dans un jeu risqué. Esquissant un sourire, il désigna à la belle Dornienne une constellation bien visible.

Je vois qu'un homme se présentera dans l'année qui vient demander votre main. Pas un cadet avec juste un nom ou un homme apportant peu à votre famille, non... Celui dont je parle apportera en dot quelque chose qui donne à votre famille et à Dorne un grand prestige. Cet homme acceptera d'être votre consort renonçant à ses origines et à son propre nom...

*Bordel, elle a passé l'âge du prince charmant* Il avait parlé d'un ton sérieux pourtant et sans doute croyait-il vraiment à sa prophétie. Restait à voir si Alyx accepterait de se prêter au jeu. Le coup était risqué mais dans sa situation était le seul qui valait d'être tenté.*Pourquoi tu laisses pas tomber? Elle n'est pas pour toi, elle épousera un quelconque fils cadet insipide qui lui fera une ribambelle de gamins. C'est la vie et tu ferais mieux de lui demander ton congé*

Pourtant il s'était retourné face à elle. La lumière naturelle de la lune ne faisait que faire ressortir sa beauté, soulignant ses blonds cheveux. Si elle n'avait été qu'une fille comme les autres, Corwin l'aurait déjà embrasser depuis fort longtemps. Il plaisait aux femmes, c'était une chose qu'il s'appliquait à travailler mais considérait la séduction comme un jeu sans importance. Or, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi les choses étaient différentes avec elle et son statut n'était pas ce qui le freinait.

C'est juste un événement probable selon les étoiles. Libre à vous de le croire ou non....

Il s'était encore avancer d'un pas sans vraiment s'en rendre compte. Oh, il ne la touchait pas mais leurs deux corps étaient à présent proche. L'odeur entêtante de son parfum lui venait aux narines et lui faisait tourner la tête. Elle était là, à portée de ses bras puissants et pourtant inaccessible.

*Embrasse la au nom des sept et fuit après. Elle te détestera tellement qu'elle ne cherchera pas à te retrouver pour que tu finisses de remplir ton contrat* Mais non. Malgré cette petite voix qui tentait de le guider vers la réalité, il restait là, à moins d'une main d'elle. Il tachait de contrôler sa respiration calmement, laissant leurs souffles mutuels se mêler à défaut de mieux.

Le temps ne semblait pas s'écouler normalement dans pareille situation. Il semblait figé et le chevalier aurait pu rester l'éternité ainsi. Pourtant ce fut lui qui rompit le silence le premier, à regrets :

Et voilà vous connaissez un de mes talents cachés. J'en ai bien d'autres, ma chère mais j'avoue être curieux de savoir si de votre coté vous en avez aussi. Vous avez je le sais bonne éducation et un talent certain pour le combat mais cachez-vous d'autres choses ?

Le ton se voulait ironique, taquin même. Elle avait toujours respecté cette liberté de langage qu'il prenait parfois en privé. A vrai dire là, il s'attendait à ce qu'elle se détourne sans répondre, le laissant seul sur les remparts. Mais et il était bien placé pour le savoir, la demoiselle pouvait se montrer imprévisible...

A jouer avec le feu, il finirait par se brûler.
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