La horde s'était arrêtée pour la nuit, voilà quelques heures maintenant. Pourtant le camp retentissait toujours des cris de joie et des rires des Dothrakis. Ils n'avaient croisés qu'un seul village la veille mais y avait pris esclaves, femmes et enfants, sans rencontrer la moindre résistance. Ce n'était pas vraiment une occasion à fêter mais les Dothrakis pouvaient se satisfaire de peu et les hommes de Drogo semblait avoir plus confiance dans l'alcool que dans l'eau pure depuis la défaite du Khal. Au moins, le camp résonnait toujours d'une bonne ambiance, entre les rires et les cris des femmes prises par les guerriers. Un son habituel, mais à présent décuplé par le nombre de guerrier qui la suivaient. Ils étaient presque tous venus et elle avait tué ceux qui avaient choisis l'autre chemin. Plus de 25 000 hommes, bien plus que Joqo, plus que son père, plus qu'aucun Khal vivant.

Redressé dans ses couvertures, la Khaleesi sourit dans la semi-pénombre de sa tente. A ses côtés, une forme blonde remua dans son sommeil. Imeah ne semblait pas plus perturbé par le vacarme d'une telle horde que par celle que Maeri possédait encore un an plus tôt.

- Reste ici, lui ordonna-t-elle en lui attrapant une fesse à travers les couvertures.

Il n'y eu d'autres réponses qu'un grognement ensommeillé et la dothraki sortit du lit. Ses clochettes sonnèrent alors qu'elle se levait et elle pouvait presque discerner le son de celles de Drogo, ajout récent à sa chevelure, il y en avait presque trop pour sa tresse mais cela changerait bien vite. Dans son empressement à prendre Imeah après l'installation de la tente, elle en avait oublié de la retirer. Attrapant un pantalon de cuir, elle l'enfila rapidement et n'enfila son haut qu'à demi, laissant poitrine et ventre à l'air libre. Les dothrakis ne connaissaient ni honte ni pudeur, et Maeri n'avait honte ni de ses seins ni de ses cicatrices. Elle surprit le regard de la captive retranchée dans un coin de la tente, elle avait faillit oublier son existence. La pauvre femme avait été capturée dans le dernier village et – étant la plus belle – c'était Maeri qui l'avait réclamé pour elle. La captive était restée là depuis l'arrêt, recroquevillée dans un coin.

- Toi aussi, ne bouge pas, lui ordonna-t-elle en sachant qu'elle ne comprendrait pas le sens des mots.

Maeri récupéra son arakh dans une main et un gobelet d'or rempli de kéfir dans l'autre. A la sortie de la tente était posté Morocco toujours aux aguets. Bien qu'il soit de la horde de Drogo, il s'était soumis en premier à elle, ce que Maeri appréciait. Quel que soit son habillement, il la regardait toujours dans les yeux, ce que Maeri appréciait encore plus. Elle pouvait lui faire confiance, peut-être plus qu'à beaucoup dans la horde. Mais il y avait une personne en qui elle avait confiance plus qu'en tous.

- Fais dire à Ko Lhasso de me rejoindre dans ma tente, lui dit-elle en sortant.

La Khaleesi lui glissa ensuite le gobelet entre les mains.

- Puis bois et baise jusqu'à dormir. Nous n'allons pas capturer beaucoup de nouveaux esclaves dans la Mer Dothrak.

Elle resta au-dehors un instant, admirant les feux allumés partout autour d'elle. La horde vivait et attendait la nuit pour faire l'amour sous les étoiles. Un sport qu'elle ne pratiquait plus depuis qu'elle avait tuée Joqo, mais dont elle ne pouvait priver ses guerriers.

Quand elle rentra, ni l'une ni l'autre des esclaves n'avaient bougés. Maeri referma les pans de son haut de cuir pour cacher ses atours féminins et s'assit en attendant son Ko. Ce n'est que lorsqu'il entra et ferma les tentures derrière lui qu'elle se leva.

- Qoy qoyi. J'avais un cadeau pour toi.

Elle vint prendre l'esclave par le bras et la poussa vers lui, toujours tremblante et terrifiée.

- J'en ai déjà bien assez. Celle-ci est assez jolie pour toi, lui dit-elle avec un sourire volontairement moqueur.

Sans plus de cérémonie, elle l'invita à s'asseoir et remplit deux gobelets de kéfir. Assise face à lui, elle but en silence, s'enfonçant dans son siège en le regardant de ses yeux sombres et bleus. Puis elle observa sa coupe et fit tourner le lait fermenté à l'intérieur. Enfin, elle releva le nez vers lui.

- Nous allons retourner à Vaes Dothrak.

Lhasso avait bu, pas assez pour s'évanouir, mais assez pour se battre à main nues. Personne n'était mort ce soir, mais quelques dents avaient été délogées de leurs gencives. Ce n'était pas le cas de Lhasso, mais il avait tout de même le goût du sang dans sa bouche lorsqu'il se dirigeait vers la tente de Maeri. Il ignorait la raison de cette convocation. La dernière fois qu'il l'avait aperçue, elle se tenait aux côtés d'Imeah et hurlait pour que ses esclaves montent sa tente plus vite. Ce qui avait fait rire le Ko sur le moment. Le campement était immense, tellement grand qu'il a fallu désigner des responsables pour chaque parcelle pour que tout se déroule relativement bien.

Lhasso entra dans la tente et déposa son arakth à l'entrée. Maeri se tenait devant lui et il pouvait apercevoir Imeah encore endormie sur le lit de la Khaleesi. Il se retourna à temps pour rattraper le cadeau qu'il lui était envoyé. C'était une des esclaves qui a été capturée un peu plus tôt dans la journée, et Lhasso confirmait les propos de Maeri, elle était magnifique. Mais il n'était pas fou et le sourire moqueur n'était pas passé à côté de son regard.

- Je vous remercie de votre présent Khaleesi. J'espère pouvoir de nouveau t'être utile. Dit-il tout en s'inclinant.

S'installant dans le siège en face de Maeri, il posa son esclave sur ses genoux. Ce qui donnait lieu à une scène plutôt comique due à la différence de gabarit entre les deux personnages. Commençant à boire le gobelet rempli d'une boisson qu'il avait déjà trop consommé pour une seule soirée, il soutenait le regard bleu de sa reine.

- Nous allons retourner à Vaes Dothrak

Suite à cette simple phrase, Lhasso se laissa tomber un peu plus dans son siège, ce qui déséquilibra sa nouvelle esclave qui ne semblait pas du tout en confiance. Cette annonce ne l'étonnait pas, c'était une suite logique pour Maeri. Il s'était déjà préparé à cette discussion.

- Et qu'as-tu l'intention d'y faire ? Même avec le plus gros Khalasar actuel du continent, je pense que le fait que tu sois une femme les dérange toujours. Et la force ne nous servira à rien là-bas. J'imagine que tu veux rencontrer le Dosh Khaleen, n'est-ce pas ? Leur demander leur reconnaissance ? Ou tu souhaites simplement qu'elles lisent ton avenir ? Pour savoir jusqu'où ton ambition nous mènera

Bien évidemment, il accepta gracieusement le présent qu'elle lui faisait. Ce n'était pas fondamentalement dans les coutumes Dothraki de se couvrir de cadeau mais un Khal faisait parfois des présents à ces Ko, Maeri pouvait bien faire de même. Elle le laissa s'installer comme il le voulait avec sa nouvelle acquisition, toujours terrifiée. Maeri n'appréciait jamais trop ce comportement – bien que naturel – et elle était presque soulagée de s'être débarrassée de celle-là. D'autant qu'elle ne mentait pas en disant qu'elle commençait à en avoir plus qu'assez pour elle. Elle pouvait tout à fait se permettre d'en partager.

Il ne se montra pas surpris le moins du monde par sa déclaration, comme elle pouvait s'y attendre. Ko Lhasso l'avait suivit pendant trop longtemps pour ne pas comprendre son raisonnement. Elle vit cependant aussi à son attitude qu'il avait conscience de la difficulté que cela représenterait par la suite. Les questions étaient précises, raisonnables et intelligentes. La Khaleesi fit tourner sa boisson dans son verre, la contemplant plusieurs secondes avant de se mettre à répondre.

- Le Dosh Khaleen a déjà lu mon avenir, tu ne te souviens pas ? Demanda-t-elle en se fendant d'un sourire. Elles y ont vu que je deviendrai un grand Khal et un digne héritier de mon père.

Elle ricana violemment et reposa le verre devant elle. Son père ne lui avait raconté qu'une fois les prédictions du Dosh Khaleen, pour elle qui devait naître un homme. Elle n'y avait jamais trop repensé depuis, sauf lorsqu'elle avait tué Joqo. Mais peut-être était-il temps de réentendre la prophétie.

- Je veux qu'elles le disent à nouveau, annonça-t-elle en se levant. Je veux que tout le monde les entende et qu'ils me reconnaissent.

L'idée était plus qu'ambitieuse, elle le reconnaissait elle-même. C'était la première idée qui lui était passé par l'esprit à l'époque, elle n'en revenait pas de pouvoir la concrétiser à présent.

- La force ne nous servira pas, mais personne ne voudra défier le plus gros khalasar actuel. Et je m'assurerai d'être bien entourée pour éviter tout excès de zèle de la part d'autres khalasars. Tu seras sûrement de la partie.

Lhasso écoutait sa Khalessi tout en buvant quelques gorgées de sa coupe. Des prophéties.... Il en avait entendu un bon nombre de sa vie. Elles guidaient la plupart du temps la vie de ceux qui en faisaient partie. De là à vivre pour elle, il n'y a qu'un pas. C'était son père le Ko Lhoris qu'il lui avait fait part de la prophétie après le Khal Torro lui en ai parlé. Mais dès qu'il avait vu que l'enfant était en fait une fille, Lhasso avait laissé la prophétie de côté. Ce qui n'avait pas l'air d'être le cas pour Maeri.

- Bien sûr que je m'en souviens. Ton père n'aurait pu espérer mieux comme présage. Tu es la digne héritière de ton père. Il n'y a qu'à regarder la taille de ce campement pour s'en rendre compte. Tu as vaincu Drogo, chose qui nous paraissait impossible il y a quelques années.

Lhasso marqua une pause et bu une nouvelle gorgée. Comment réagira le Dosh Khaleen face à l'arrivée du plus gros Khalassar du continent ? Pour le Ko, il n'essaiera pas de fâcher Maeri. Après est-ce qu'il aura besoin de mentir pour cela, il n'en avait aucune idée. Mise à part le fait que l'enfant de Torro soit née du mauvais sexe, la prophétie n'était pas erronée.

- La prophétie te sera redite de la même manière que pout ton père, j'en suis sûr. Après est-ce que c'est la vérité ou juste une manière d'éviter ta colère, je n'en sais rien.

En soit Lhasso s'en moquait du Dosh Khaleen. La venue du Khalasar allait amener du monde à Vaes Dothrak, autant de personnes dont il allait falloir se méfier.

- Tu dis que personne ne voudra défier le Khalasar. Personne ne voulait défier Drogo. Et pourtant par une simple alliance, il est tombé. Nous ne sommes pas à l'abri d'une de ses alliances. La récompense est assez grande pour se la partager entre deux Khals ou pour qu'ils se trahissent une fois la bataille terminée. Lhasso expira. Et pourtant je serai là, comme toujours. Dit-il en riant de sa propre phrase.

Maeri avait rapidement repris son verre et le terminait en tournant autour de son siège. Elle vida la dernière goutte de kéfir sur le sol et tourna de nouveau son regard vers son sang-coureur. Lhasso avait toujours été un traditionaliste, aussi ne pouvait-elle pas vraiment s'étonner de son opinion. Mais les choses avaient changés depuis la mort de Drogo et même lui devait le reconnaître. Le grand Khal avait été un symbole pour les dothrakis pendant des années et c'était maintenant Maeri qui arborait ses clochettes dans sa chevelure. Elle ne lui répondit cependant pas tout de suite et attendit qu'il finisse car il avait apparemment d'autre chose à dire.

Sans accorder un regard à l'esclave qu'elle venait d'offrir, la Khaleesi revint prendre la cruche de kéfir et remplir son verre. Lhasso conseillait la prudence, comme souvent mais elle ne pouvait lui donner tort. Il n'était pas exclu qu'une alliance de Khal se dresse un jour contre elle, mais elle comptait sur sa réputation de femme pour empêcher cela. Même avec Drogo hors de l'équation, certains chefs risquaient d'être suffisamment bêtes pour vouloir s'attaquer à elle seul. Les alliances entre khalasar étaient rares et une véritable grande alliance n'avait pas eu lieu depuis plus de trois siècles. C'était devenu presque inenvisageable avec le temps que les seigneurs du cheval s'allient de nouveau tous ensemble sous une même bannière.

- Je parlais du séjour à Vaes Dothrak. Ils peuvent bien me haïr de toute leur force, ils n'oseront rien faire contre moi là-bas. Nous sommes trop nombreux pour qu'ils puissent nous faire quoi que ce soit sans faire couler le sang.

Personne n'avait envie de faire couler le sang à Vaes Dothrak. C'était une insulte faite aux dieux et à toute la tradition Dothraki. Maeri comptait bien exploiter ça, même si cela lui imposerait aussi quelques conditions. Elle se fichait éperdument que le Dosh Khaleen mente, du moment qu'elles mentaient dans son sens. La vérité était que cette histoire de prophétie n'aurait d'importance que pour ceux qui y croiraient et Maeri était bien placé pour savoir qu'elles pouvaient très bien se tromper sur toute la ligne.

- S'ils veulent me défier après, je serais ravie de les recevoir et de les battre. Nous avons besoin de plus de guerriers.

Elle se rassit alors soudainement et avala la moitié de sa coupe. La Khaleesi venait de penser à un détail important. Plongeant son regard bleu dans celui de son Ko, elle ajouta gravement.

- Nous n'allons plus prendre d'esclave parmi notre peuple. Nous avons conservé tous les membres du khalasar de Drogo sans rien leur faire, mais je veux que nous fassions cela pour tous les Dothrakis.

L'idée n'était pas absurde, du moins pas dans l'esprit de Maeri. Bien sûr, la plupart des khalasar traitaient les vaincus comme des faibles, triant parmi eux ceux dignes de rester à leurs côtés et libre, de ceux qui seraient revendus, mais elle ne pouvait plus le faire. Ils ne devaient plus le faire. C'était parce que les Dothrakis se traitaient ainsi les uns les autres qu'ils n'étaient plus les conquérants d'autrefois. Ils s'étaient mis à se battre entre eux et à présent ils en payaient le prix. Ils étaient plus que temps que son khalasar n'emploie tous les bras qu'elle pouvait trouver.

Maeri avait confiance en la nouvelle force de son Khalasar et elle avait raison. Leur nombre était assez élevé pour décourager la majorité des autres Khal à s'attaquer à elle. Mais le Ko était persuadé que certain aller tenter, l'appât du gain étant trop grand. Vaes Dothrak était une bonne protection temporaire, cela Lhasso ne pouvait le nier. Mais c'est justement l'aspect temporaire qui le gênait le plus. Le sang ne devait pas y couler et il n'y coulera pas.

Lhasso avait bien saisi l'idée de Maeri. Elle voulait unir le plus de Dothrak dans un seul et même khalasar, sans pour autant tous les affronter et les humilier. Cela permettrait surement à certains nouveaux membres d'accepter leur nouvelle condition. Il ne put qu'acquiescer lorsque Maeri parla du nombre trop grand d'esclave. Leur nombre avait littéralement explosé depuis les derniers mois suite à certains évènements.

En buvant un peu de kéfir, il se reconcentra sur la nouvelle direction que prenait la femme en face de lui. Elle voulait unifier les Dothraki, très bien, mais dans quel but ? Si leurs futurs ennemis n'étaient pas leurs semblables, il ne restait pas des centaines de choses à attaquer à Essos. S'il ne se trompait pas, Maeri projetait de s'attaquer aux différentes cités du continent. La plupart de ces cités pouvaient être protégées par des compagnies de mercenaires, mais ce n'est pas ce qui inquiétait le plus le Ko. Sa réelle crainte était tournée vers les Immaculés, ces soldats esclaves surentraînés, ne craignant ni la mort ni la douleur. Les Dothrakis pouvaient se vanter d'avoir des guerriers prêts à tous pour eux, mais face à la mort qui sait ce qui peut leur passer par la tête.

- Admettons que tu réussisses à unifier la grande majorité des Dothrakis du continent. Quelle est l'étape suivante ? Tu vas passer aux cités libres ? Si c'est le cas, il va nous falloir nous préparer à un autre type de résistance. Je parle bien entendu des Immaculés.

Lhasso se méfiait toujours. Peut-être pour freiner l'ambition de Maeri. Il avait juré de la protéger il y a bien longtemps, alors il n'hésiterait pas à tout remettre en question.

La voix de la raison, comme à son habitude. Lhasso avait toujours été le plus expérimenté des deux et le plus prudent, bien qu'il l'ait poussé à reprendre l'entraînement pour pouvoir affronter son mari. Elle lui en serait à jamais reconnaissante bien évidemment et appréciait à leur juste valeur les conseils de son Ko, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'elle allait emprunter la voie de la raison. Maeri connaissait comme lui les Immaculés, elle en avait entendu vanter les exploits au sein même des deux khalasar qu'elle avait visité. Il était quasiment impossible pour un Dothraki disposant d'un minimum d'éducation d'ignorer leur existence et leur vaillance.

- Je connais les Immaculés, lui rappela donc la Khaleesi en avalant le reste de sa boisson alcoolisé. Je n'ignore pas comment Khal Temmo a perdu contre eux en son temps.

Elle se redressa encore, brutalement. La Bataille des Trois Mille n'était pas un glorieux souvenir pour les Dothrakis, leur peuple était arrivé jusqu'à Qohor, puissante Cité Libre même si loin d'égaler la force de Volantis ou Braavos. Les Seigneurs du cheval était au sommet de leur puissance à l'époque même si déjà divisé, Khal Temmo menait plus de 25 000 cavaliers et il ne s'était heurté qu'à une pathétique résistance : près de 3 000 Immaculés, ces guerriers esclaves entraînés à Astapor. Il y avait aussi des compagnies mercenaires qui avaient été engagés à l'époque et avaient fuis lâchement, d'où leur absence de l'histoire. Toujours est-il qu'à un contre huit, les guerriers esclaves avaient soutenus plusieurs dizaines de charges successives, sans céder le moindre pouce de terrain. Il avait fallu la mort de Temmo et ses fils pour que le conflit s'arrête. Les cavaliers humiliés étaient partis, sans oublier de déposer leur tresse de combattants au pieds de la petite centaine d'esclave survivants. Une humiliation qu'aucun Dothraki n'avait oublié.

- Je ne suis pas Khal Temmo, rappela la jeune femme alors que son regard se perdait dans une des draperies de sa tente.

Ce n'était pas la première fois qu'elle réfléchissait à ce problème. Ces guerriers étaient peut-être issus d'un peuple inférieur, mais ils n'en restaient pas moins redoutables et ils étaient utilisés dans plusieurs cités du continent. Une parmi toutes les autres les employaient en grand nombre : Qohor, celle-là même qui avait résisté si longtemps, il y a de cela près de quatre siècles. A force d'y penser, une idée insistante s'était creusé son chemin dans l'esprit de la Khaleesi, sans qu'elle soit sûre de la voir apprécier. Elle devait d'abord tester la réaction de son plus fidèle conseiller, les autres verraient ensuite.

- J'ai un plan à ce sujet, Qoy Qoyi. J'ai besoin d'apprendre ce qui s'est passé exactement, comment Temmo a perdu et pourquoi.

Elle appuya les deux mains sur le dossier de sa chaise et se pencha vers Lhasso pour lui exposer lentement son idée, détaillant bien les raisons qui la poussaient à en arriver là. Ses lèvres pleines s'étiraient progressivement en un sourire mauvais.

Lhasso connaissait lui aussi la triste histoire du Khal Temmo, plus jeune il avait adoré celle-ci. Mais c’est en grandissant qu’il comprit la réalité de l’échec des Dothrakis. Ce n’était donc pas lui qui racontait cette histoire aux plus jeunes, ils préfèrent celle où ils se retrouvent mis en valeur. Mais les jeunes du Khalasar n’étaient pas fou, l’histoire qu’ils préféraient était celle de la prise de pouvoir de Maeri. Il se faisait une joie de la répéter encore et encore.

Évidement que Maeri connaissait-elle aussi l’histoire de Khal Temmo et elle avait décidé de ne pas reproduire les mêmes erreurs, c’était un bon début. Lhasso l’écoutait attentivement, le plan était long et très détaillé. Elle devait y réfléchir depuis un petit moment. Cependant, son Ko avait des choses à y redire. S’ensuit un échange d’argument et de contre-arguments qui ne dura pas longtemps. Il la suivrait une fois de plus, et ce, jusqu’à la fin de sa vie. Les deux dothrakis continuèrent à discuter d’autres sujets tout en diminuant lentement la réserve de kéfir.

Ayant épuisé tous les sujets de discussion, Lhasso se releva en même temps que l’esclave qui était sur ses genoux. Il salua sa Khaleesi, jeta un coup d’œil en direction d’Imeah puis tourna les talons. Il récupéra son arme tout en poussant son cadeau pour la forcer à avancer, elle était encore perdue dans ce nouveau monde et ça ne faisait que commencer. De retour dans sa tante, le Ko allongea la femme sur des peaux dans un coin et la regarda.

- Tu as le choix. Soit tu restes ici et tu seras tranquille. Soit tu décides de sortir de cette tante et tu risques de passer une des pires nuits de vie.

L’expression de l’esclave n’avait pas changé pendant qu’il prononçait ces quelques mots. Lhasso soupira, elle ne devait pas parler un seul mot de sa langue. Il se retourna pour se diriger vers son lit, il retira tous ses vêtements et se glissa sous ses peaux pour entamer sa nuit.